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Critique de SNaumiak


Voici un livre écrit avec la même beauté de style que « Cinq zinnias pour mon inconnu » de la même auteure. Avec autant de métaphores et de jolies paraboles, mais peut-être un peu plus sombres.
Cette fois, l'histoire est celle de deux soeurs qui découvrent au seuil de la mort de leur père que celui-ci est un enfant naturel, et décident de partir découvrir qui était leur grand-père.
Ne pas savoir de qui notre père est né et ne pas connaître l'histoire de sa conception n'est déjà pas facile à vivre ; mais découvrir que cet ascendant mystérieux était un docteur respecté et renommé très riche, qui a fermé la porte au nez de son fils naturel l'unique fois où il est venu le voir, est une dure réalité pour Marie-France Clerc, qui s'attribue le prénom d'Isabelle.
Le Docteur D. n'a pas eu de descendance reconnue. Isabelle et sa soeur tentent donc d'entrer en contact avec ses cousins et ses nièces.
Le voyage est long et elles se heurtent à une volonté farouche de taire les faits. Comme dit l'auteure, le péché n'est pas d'abandonner son enfant, mais que cela soit dit. Tous savent mais aucun d'eux ne veut avouer la vérité et leur rejet est violent. Ils ne sont pas sensibles à la démarche des deux femmes, encore moins à leur besoin de se situer dans le cycle naturel des généalogies. Salir le souvenir du grand docteur D. serait pire que tout.
L'auteure décrit extrêmement bien les sentiments ressentis. Comme ce sentiment de ne pas exister, face à quelqu'un qui ne daigne même pas répondre quoi que ce soit, qui vous fait sentir coupable d'être devant lui ; puis qui vous procure un immense sentiment de soulagement lorsqu'il s'apprête à parler enfin, car tout est bon à prendre lorsqu'on n'a rien.
Comme elle dit, Madeleine, la mère naturelle de son père, a vécu cette horreur, niée doublement dans son amour brusquement interrompu et dans cet enfant dont elle ne sut jamais si le père accueillit la naissance puisque jamais il ne répondit à ses lettres.
Mais la persévérance des deux femmes les conduit à un étrange testament où le Docteur D. explique comment en 1914, dans la cour de l'orphelinat où son 141ème RTI venait de rejoindre les régiments d'active, il aurait résisté au charme de Madeleine.

Je n'en dirai pas plus. A cette époque qui est la nôtre, jusqu'à laquelle la Convention internationale des droits de l'enfant donnait alors à celui-ci, dans son article 7, le droit de connaître son père et sa mère et d'être élevé par eux dans la mesure du possible, l'enfant est en train de perdre ce droit fondamental car notre société officialise progressivement l'accès à l'enfant pour répondre aux désirs de n'importe quel adulte et de n'importe quelle forme de couple d'adultes. Bientôt, les polyamoureux pourront eux aussi se faire fabriquer un enfant artificiellement, le concevoir comme cela les arrangera ou en adopter un officiellement. le mariage est dénaturé, vidé de sa substance qui faisait de lui une institution jusqu'alors censée protéger la filiation.
Et dans ce contexte où l'Etat a abandonné la défense des besoins prioritaires de l'enfant, ce récit n'en est que plus douloureux dans la vérité qu'il dévoile.
Je suis très friande des récits de vie et je recommande fortement la lecture de « Silence en forêt, un enfant de la guerre ».
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