Dans l'autobus, un enfant prend appui sur moi pour se lever (sans me regarder, sans s'excuser) et je suis comme déliée par sa petite main qui me touche sans m'envahir, qui me fait confiance sans me connaître.
(L'enfant)
A Montréal, il y a beaucoup plus d'occasions de rencontrer des gens, de développer des liens de confiance, de créer des groupes affinitaires (nécessaires à la lutte). Je ne veux pas me sauver moi uniquement, je ne veux pas être individualiste. Il faut être stratégique : il y a plus de possibilités de lutte en ville (du moins pour le moment).
Quelles seraient mes options de vie sociale à la campagne ? A) me retrouver dans un collectif polyamoureux, B) devenir l'ermite du village, au détriment de ma santé mentale, C) essayer de m'intégrer à la culture du village, au détriment de ma santé mentale.
(L'employée)
J'aurais voulu que leur amitié représente pour moi une température idéale qu'on oublie, plutôt que ces espèces de bouées de sauvetage, ces remèdes de grand-mère, ces bouteilles de forts tendus, ces sourires tristes...
Tahar s'est assis au piano, (...). Il n'avait pas de partition devant lui. Quelqu'un a toussé dans la salle. Tahar portait une chemise blanche trempée de sueur. On voyait sa peau, son poil au travers. C'était le seul parmi nous qui portait de vrais souliers propres. Il émanait de lui un mélange de feu et de glace, comme s'il était à la fois la personne la plus saoule et la plus sobre de l'assemblée (...). Tahar a fait un signe de tête comme pour dire je suis prêt. A qui s'adressait ? A lui-même ? A Vincent ? Je me lance, a-t-il fait de la tête, et il a commencé à jouer du piano.
(Adieu)
Points faibles de la ville : il n'y a pas de vie, sauf la vie humaine. Il n'y a pas de lacs, de rivières, de forêts. Il n'y a pas de chevreuils, de clairières, de poissons. A peine quelques étoiles un soir sur dix. (...) Si je reste ici, je mourrai peut-être sans avoir jamais vu un renard.
(L'employée)
Une habitude, c'est quelque chose qu'on fait sans y penser, qui s'insère comme une pulsation dans le rythme de la vie.
Tout est une partie de chance, tout commence bien et finit mal ou commence mal et finit bien avant de continuer, avant de ne jamais vraiment finir.
Je contemplais ma plaie ouverte en sachant qu'elle se refermerait un jour.
Une habitude, c'est quelque chose qu'on fait sans y penser, qui s'insère comme une pulsation dans le rythme de la vie.
Ces lieux tranquilles où vivre et mourir en paix, il n’y en a presque pas. Il n’y en a presque plus. Et moins il y en a, moins on se souvient de cette autre vie, celle qui commence dans le ventre et qui éclate dans la gorge, dans les yeux, dans le sexe, dans nos langues qui touchent au soleil.