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Critique de igabiva


Impression très mitigée après la lecture de ce « Thriller politique » (lu en anglais)

L'histoire
Les auteurs ne se sont pas trop cassés la tête pour bâtir leur intrigue. le titre est trompeur, et c'est un premier motif d'irritation : l'histoire n'évoque pas vraiment ce qui se passe quand le président « disparaît ». Pour cette ligne narrative comme d'autres, des pistes et des idées sont vaguement amorcées sans être exploitées. le lecteur n'aura pas le plaisir, pourtant annoncé, de se plonger dans des intrigues politiques alambiquées, dans le récit d'un chaos sociétal, etc. le fait qu'un des deux auteurs soit un ex-président des USA n'ajoute absolument rien comme profondeur, détails, scoops, infos, etc., sinon un discours plombant évoqué plus loin.
Le roman est une succession d'innombrables scénettes se terminant par un « mini coup de théâtre », la résolution de l'histoire se faisant de manière trop artificielle et « cheap ». Je ne dis pas que l'on s'ennuie en permanence et que tout est ridicule (il y a quelques passages intéressants sinon captivants) ; mais la concurrence littéraire est rude dans ce registre, et ici, le manque d'aspérités, le fait que tout se résolve sans vraiment d'action mais plutôt avec de parlotte, etc., nous fait lire certains passages en diagonale.

Le personnage principal
Le héros, le président des USA, n'a pas de personnalité attachante ou intéressante. Comme de bien entendu il est hyper-patriote, assez terre-à-terre, intelligent et cultivé (mais pas trop, il ne faut pas s'aliéner ceux qui voyaient dans un Obama ou un Clinton les représentants d'une élite arrogante). Démocrate (mais pas trop à gauche quand même), c'est un ancien militaire (mais pas un bourrin) et il est veuf. En anglais, on dirait qu'il est « decent », « earnest ». What's not to like ? Pour les amateurs de séries TV, on est loin, très loin, immensément loin, d'un Frank Underwood retors et ultra-dark («House of Cards) ou même d'un Bartlet profond et malicieux (« The West Wing ») : on est plutôt du côté de la soupe tiède de « Designated Survivor »).
Ensuite, le fait que le héros soit président des USA n'est finalement pas un élément crucial dans le récit, son déroulement et sa résolution. C'est une autre manière de dire qu'ici encore les auteurs n'exploitent pas leur sujet. Encore une fois songeons à la manière dont Frank Underwood agit quand il veut arriver à ses fins.

Un « thriller politique » ?
Ici le politique, c'est d'abord une litanie de bons sentiments et une accumulation de poncifs « de gauche libérale », où nous ne pouvons faire autrement que d'écouter les leçons de morale passées au tamis NPR (un peu l'équivalent de notre France Inter). Ce roman, dont on a souligné les limites en tant que « thriller » est par contre d'une habileté sans fin pour désamorcer tous les pièges du politiquement correct. A part une lesbienne amérindienne handicapée, rien ne manque à l'appel parmi les personnages d'un choeur « melting pot » qu'on croirait sorti d'un clip de campagne du parti démocrate. Il faut dire que le président partait avec un lourd handicap, en tant qu'homme blanc hétérosexuel en position de puissance. Les procureurs levaient déjà les sourcils. Mais les auteurs ne sont pas idiots et prennent les devant. Par exemple ils nous rappellent (à deux reprises) que le méchant est, certes, issu d'un pays musulman mais que lui-même ne l'est pas (ouf) ; et tout au long du roman le lecteur passe sous l'interminable tunnel du prêchi-prêcha : les violences policières contre les Noirs, les effets pervers des médias modernes, etc. Un vrai travail d'équilibriste. Par ailleurs le récit tempère la testostérone et le patriarcat grâce à une galerie de personnages féminins (l'informaticienne géniale, la directrice de la CIA, la vice-présidente) tenant l'étendard d'un féminisme soft mais assez appuyé quand même. C'est astucieux, car, mettons qu'une de ces femmes se révèle traître ou intrigante, nul opprobre général ne saurait retomber sur son genre (re-ouf).
Il va de soi que toutes ces précautions prises par Clinton & Patterson tombent comme un cheveu sur la soupe, et ralentissent une action qui n'en avait pas besoin. Divertissement pépère, sans un gramme d'humour, presque léthargique, qui ne prend aucun risque narratif ou politique, « The President is Missing » m'a semblé un coup dans l'eau.

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