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Critique de de


Interrogations sur une dimension spécifique d'un programme scolaire

En introduction, Laurence de Cock parle, entre autres, des débats sur le passé colonial, des tensions identitaires, de l'école, « En France, l'école est l'un des objets privilégiés de controverse. L'enseignement de l'histoire y occupe en outre une place telle que les débats autour des contenus d'enseignement y sont réguliers et tendus, nous le verrons en détail », des espaces politiques et des programmes, « Nous touchons ici du doigt l'objet de ce travail, qui consiste à interroger cette progressive problématisation et politisation d'un contenu scolaire devenu l'un des révélateurs des tensions entre l'école, la société, la République et la nation »…

Je souligne les « quelques éléments d'auto-analyse », le passé colonial au miroir du métier d'enseignante et de formatrice, l'immigration, la lutte antiraciste, l'engagement, « Cette question de l'engagement et de son articulation avec la production scientifique est aussi au coeur de mon travail » ou dit autrement « L'objectivation des engagements est donc une première étape de leur mise à distance sans sombrer dans l'illusion de la neutralité axiologique »…

L'autrice explique « le fait colonial et son enseignement », le projet colonial constitutif de la construction nationale, l'écriture du roman national, le mode de relations asymétriques et d'inégalité juridique, les regard européo-centrés, une certaine conception de l'universalisme abstrait, les immigrations, les cirricula d'histoire…

Sommaire

Le fait colonial comme question vive : hypothèses et méthodes de travaillais

L'altérité culturelle dans la crise dans la « crise de l'enseignement de l'histoire » des années 1980

Une nouvelle place pour le passé colonial dans les cirricula ?

Le fait colonial : un enjeu civique en tension

La mémoire de la guerre d'Algérie : un problème public (1990-2000)

L'enseignement de la guerre d'Algérie : un objet d'intervention politqiue

La réécriture du fait colonial dans les programmes

Les années 2000 : exacerbation des débats sur le lien entre passé colonial et immigrationsDe nouveaux cadres pour penser l'enseignement du fait colonial

Tentatives controversées et échec final d'un nouveau récit scolaire postcolonial

« J'avais conscience que ma perte de mémoire avait effacé tout rapport à ma propre personne, mais cette altérité si radicale, qui surgissait dans ce que mon moi-même avait de plus fondamental, m'était très difficile à vivre ; j'habitais un étranger. » (Patrick Chamoiseau, 2012)

En conclusion, Laurence de Cock revient, entre autres, sur la distorsion entre « une directive européenne très libre sur les problématiques coloniales et le continuum et les résistances en France face à ces catégorisations corrélant l'immigration et la colonisation de façon parfois anhistorique », les conditions d'émergence et de publicisation de ces questions comme problème public, les configurations mémorielles, les finalités contradictoires de l'enseignement de l'histoire coloniale, des non-dits et des tabous, la « nature spécifique d'un programme scolaire », le curriculum réel et le curriculum caché, les déplacements entre « le prescrit, le transmis, le reçu, l'approprié et le restitué »…

Une remarque, il a fallu des années pour que soit reconnu la guerre d'Algérie. Cette notion reste un euphémisme. Il s'agit de la guerre menée par l'Etat francais contre le peuple algérien dans sa lutte pour la décolonisation et l'autodétermination. Une violation du droit des peuples à décider eux-mêmes, une violation du droit international, sans oublier les crimes de guerres. Sans oublier non plus ce parti colonial dont les membres sont toujours honorés, dans les livres d'histoire et la topologie des villes (rues, places, etc.). Sans oublier les confettis de l'empire. Une insulte contemporaine à tous les peuples.

Je ne suis ni historien ni enseignant. Je ne sais comment le fait colonial pourrait être abordé dans les écoles. Une chose est cependant sûre, pas au nom des fantasmagories de l'unité nationale, des soi-disants interêts de la France.

Il faut a minima faire discuter autour du droit des peuples et des individus, de la colonisation comme négation de la liberté des un·es pour le bénéfice d'autres, des crimes commis par l'armée « française » et des hommes politiques qui ont décidé, soutenu, voté les crédits pour la conquête, les massacres, la soumission et le refus de la décolonisation… Sans oublier celleux qui ont contribué à la falsification de l'histoire.

Ce livre permet d'aborder ces sujets, de questionner les comment, de rendre mémoire aussi aux enfants des colonisé·es, des victimes et aussi des criminels. (sur ce dernier point, en complément possible, Sabine Moller, Karoline Tschuggnall, Harald Welzer : « Grand-Père n'était pas un nazi ». National-socialisme et Shoah dans la mémoire familiale). Il invite à débattre d'une reconfiguration des disciplines historiques dans les écoles, de ce qui est enseigné et de quelle manière.

Si nous ne sommes pas coupables des crimes de l'Etat où nous sommes né·es, nous avons bien une responsabilité sur ce qui est aujourd'hui raconté, enseigné, falsifié ou nié.

L'histoire sans les populations, sans les résistances aux projets de domination, sans les colonisé·es, sans les femmes (la majorité de la population), n'est pas l'histoire mais une conception étriqué des passés, un mensonge idéologique, un frein à la compréhension des phénomènes sociaux et une barrière à l'émancipation à construire par et pour chacun·e…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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