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Critique de Egatrap


Ce roman ? C'est le Petit Prince … des montagnes.

Un écrit initiatique et philosophique, piloté par un mandala tibétain à demi éponyme (et oui le titre a oublié les huit mers !).
De mon point de vue … montagnard, ce mandala reflète chacun d'entre nous face aux choix de sa vie.
Les deux jeunes héros, adultes en devenir, reflètent chacune des deux tensions, plus ou moins élastiques, présentes en nous face à ses choix, ses concepts de vie : gravir le Sumeru, au centre du mandala, ou escalader les huit montagnes, sans oublier de patauger dans les huit mers du cercle tibétain ! Quelque soit le choix, chaque chemin choisi est un tracé d'apprentissages.
Pour moi, chacun de nos choix est la résultante de ces tensions à la fois complémentaires et contradictoires. Ces va-et-vient plus ou moins élastiques, sont peut-être la résultante héritée de nos parents.
Ma mère qui est une sainte !
Mon père ce héros !

Entre ces deux modèles réside toute la difficulté de s'autonomiser qui sera d'autant plus difficile quand les parents ne savent même pas pourquoi ils ont procréé ensemble. Ambiance !
Bref, la construction de l'enfant est inévitablement schizo-machin-chose (préfixe pour exprimer la scission, la rupture ; machin-chose pour ne pas employer des mots grossiers que je ne maîtrise pas !).

Vous allez dire « hou là, il s'égare » !
Pas du tout. Les deux amis sont pour moi une seule et même personne, stratagème dont l'auteur use pour faire converser ses propres tensions intérieures : le choix entre le Sumeru ou les huit montagnes.

Conséquemment, Paolo Cognetti use de la montagne comme la quête de vie de chacun de nous. Il sait bien mettre en avant cet amour bucolique et les valeurs que représente une ascension : l'effort, l'endurance, la persévérance, la quête de l'Absolu. Avec au bout la récompense d'avoir conquis « l'inutile » comme l'écrivait Lionel Terray.
Moi aussi, j'ai connu cette utopie adolescente de reconstruction d'un hameau, de faire table rase du passé pour m'inventer mon monde. Une sorte d'ermite (pas trop quand même « il faut bien que le corps exulte ») vivant en autarcie vivrière et artisanale,

La première phrase du récit est « Mon père avait une façon bien à lui d'aller en montagne ».
J'allais écrire tout est dit ! Cette nécessaire quête du modèle masculin chez les garçons !
Seulement voilà, le père, orphelin, n'avait pas tranché entre la vie à la ville (le train-train sociétal) et celle à la montagne (la quête d'absolu, la vraie vie quoi!). Question intéressante pour la psycho-généalogie, non ?

Pour conclure, je dirais » si un livre me pousse à psycho-philisopher autant, c'est qu'il m'a plu. Je le prends donc en entier avec ses qualités (fluidité du texte, métaphores, recettes culinaires, …) et ses défauts (quelques longueurs, des détails inutiles, quelques redondances).
Logiquement, c'est cinq étoiles.


Ancelle, le 6 octobre 2023
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