Belle du Seigneur

Introduction confuse. L'écriture se veut « moderne », avec une ponctuation non conventionnelle ; le sujet est nébuleux. On retrouve le même procédé dans les monologues. Ici on vise à l'effet, on fait l'original, l'exercice est calculé. Ensuite il y a évidemment des pages jubilatoires, hilarantes même, diablement écrites, à l'humour acide, dévastateur (même si c'est un peu lourd lorsqu'il évoque les Juifs). Alors bien sûr on rit. Mais à force ça lasse. le rire ne doit pas être un entêtement, sinon on tombe dans le sarcasme, ce qui confine au cynisme. Sous cet éclairage, la vie devient une caricature. le rire devient jaune. Il manque à ce décapant récit la profondeur, l'humilité, la simplicité du sentiment. Dans le fond il n'y a rien de touchant, rien d'émouvant ni de sincère dans cette farce sinistre. On reste à la surface, on n'est jamais dedans. En toile de fond, on sent le désabusement, le désenchantement ; c'est déprimant. « Belle du Seigneur » est peut-être une performance littéraire, mais il y a quelque chose de faux dans l'intention de l'auteur qui fait que l'on passe complètement à côté de l'essentiel.