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Critique de brigittelascombe


Sido.
Cette mère admirée, admirable, mais étouffante et restrictive, ce soleil qui éblouissait un peu trop, c'est Sido.
Sido, titre de livre qui gomme à lui seul les deux derniers chapitres, celui du père, le capitaine effacé ne vivant que pour sa femme puis par la suite pour sa femme et à travers sa fille; et celui des sauvages :Achille, l'ainé sans rivaux donc jalousé, Juliette, l'étrangère, l'agréable laide donc détestée et Léo qui a échappé à la musique, puis à la pharmacie, puis successivement à tout donc dénigré.
Sido qui disait:
-Regarde !
Regarde le jardin d'essai sous sa terre abrite un trésor, surtout, tu n'y touches pas. Evidemment la petite touchait "grattant à la dérobée le jardin d'essai pour surprendre la griffe ascendante du cotylédon, le viril surgeon que le printemps chassait de sa gaine."
"Tu ne comprends pas" répliquait sa mère" tu n'es qu'une petite meurtrière de huit... dix... ans...Tu ne comprends rien à ce qui veut vivre."
-"Ecoute sur Mortiers!"
elle levait l'index et se tenait debout entre les hortensias,la pompe et le massif de rosiers.
Et la petite tendait l'oreille vers Mortiers. Et les dernières gouttes de l'averse d'été attestaient de l'infaillibilité de la mère.
-Sens !
Sens "la bourrasque d'ouest ! Cours !Ferme les lucarnes du grenier ! " Et la petite "Mousse exalté du navire natal s'élançait enthousiasmée"
-Ne touche pas!
Elle savait pourtant que la petite ne résisterait pas à fouiller la terre pour découvrir son secret.
-Seul le merle, bel oiseau oxydé de vert et de violet, goûte, se gave de cerises, boit le jus, déchiquette la pulpe. Au diable l'épouvantail sussure l'oeil maternel compatissant.
Alors, bien souvent la petite Gabrielle Colette face à cette devineresse, cette prêtresse clairvoyante du jardin familial, cette piquante qui l'asticotait en la traitant de bête, de miracle de gentillesse et de fadeur, sautait le mur et filait se ressourcer chez Adrienne la voisine.
Et pourtant, c'est cette Sido là, dont le cordon d'or s'enroulait vingt fois autour d'un rameau de géranium pour l'étayer d'une petite écluse de carton, c'est cette Sido là qui, en faisant frissonner "la petite" , a éveillé par la magie de l'or les résonnances poétiques de celle qui deviendra Colette.
Colette, une plume qui vit et vibre, encore et toujours, doucement, dans le jardin d'une enfance éblouie.
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