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Critique de JeanPierreV


Un titre qui ne peut qu'intriguer, un mot inconnu dans la langue française, un auteur, dont je n'avais pas entendu parler, édité chez Gallimard, il n'en faut pas plus pour saisir un livre sur les étagères d'une bibliothèque...Quelques pages lues au hasard et immédiatement l'espoir de tenir entre les mains quelques heures de dépaysement, de découverte, d'humour et de gravité.
Ederlezi, ou fête de la Saint Georges célèbre l'arrivée du printemps, du renouveau, du départ pour les Tziganes qui à cette date quittent leur villégiature hivernale, leur village Strehaïa, pour courir le monde..Ne le cherchez pas sur une carte....Un village qui au cours des périodes du livre sera tantôt en Macédoine, tantôt en Yougoslavie, tantôt dans le royaume serbe
Azlan, est le personnage principal de ce roman, un personnage à trois identités, meurt, on le sait dès la première ligne du livre "...je m'appelle Azlan Tchorelo, Azlan Bahtalo, Azlan Chavoro Baïramovitch, et je suis mort ce matin. Hier encore j'étais un Rom et un parrain, mari, oncle et frère -maintenant je suis juste un corps, long et froid, avec quelques taches gris cendre sur mon visage. Hier encore j'étais chanteur, arnaqueur, ange noir, maître du couteau et bourlingueur, aujourd'hui, je me trouve sur une table en métal déposé quelque part dans un hôpital de Calais"
Quelques lignes qui résument ce livre, et quel livre !
Velibor Čolić va nous transporter dans trois époques du XXème siècle, de la deuxième guerre Mondiale, à la jungle de Calais, en passant par la guerre des Balkans en accompagnant un orchestre Tzigane, qui chaque fois renaît à la vie, comme son chanteur, et ses membres morts tous de morts violentes ...des renaissances qui font de ce roman picaresque un conte.
Un conte pour nous rappeler les traditions de ce peuple tzigane millénaire, traditions qui nous transportent en Inde.
Des traditions dont l'auteur et les personnages se moquent avec humour, amateurs de femmes, mangeurs de hérissons rotis, crasseux, alcooliques, chapardeurs, et surtout musiciens de talents, musique qu'ils ont dans le sang, dans les gènes. Des personnages qu'il nous dépeint aussi avec gravité...des hommes toujours en butte à l'ostracisme, au rejet, à la police, aux persécutions. le burlesque côtoie le drame, l'amour des femmes et de l'alcool côtoie le couteau et la mort violente
Alternant pour chaque période du roman humour, dérision et gravité, Velibor Čolić, s'attache à nous décrire la permanence de cette culture, qui malgré les crimes de l'histoire renaît de ces cendres
Et si Azlan renait joyeusement à la vie quelques années après sa mort, toujours violente, en conservant les stigmates de ses morts précédentes, c'est sans aucun doute pour nous dire que ce peuple, aussi, a été de tout temps rejeté, exterminé, sans jamais être détruit. Il vit dans une apparente insouciance, faite de musique, de vie au jour le jour, sans s'attacher aux biens matériels, et surtout sans oublier d'où il vient, les étapes de mort qu'il a dû affronter au cours de l'Histoire.
L'éditeur précise à la fin du livre : " Dans ce texte, l'auteur a utilisé, librement et selon les besoins du récit diverses citations" et il cite de nombreux auteurs allant de Freud à Rimbaud, Woody Alleen, Boby Lapointe et bien d'autres...auteurs qui n'ont jamais écrit sur le monde tzigane. Une façon comme une autre, selon moi, de dire : "Ce qui a été écrit en d'autres occasions s'applique aussi à la culture de ce peuple tzigane, un peuple qui appartient lui aussi à notre monde"
Un merveilleux roman pour découvrir ce peuple tzigane, ses traditions, sa culture, et une partie de l'histoire de ses persécutions. Un livre d'amour dans tous les cas.
N'hésitez pas!

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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