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Critique de fanfanouche24


"La misère du monde s'est donnée rendez-vous à Rennes en cette fin d'été 1992. L'Irak et la Bosnie, la Somalie et l'Ethiopie, plusieurs pays de l'ex-bloc soviétique. Quelques vagabonds professionnels en plus, des hommes
perdus depuis longtemps, peut-être depuis toujours, entre les diverses administrations et les frontières, entre le vrai monde et ce sous-monde des citoyens de seconde classe, sans papiers, sans visage et sans espoir. "(p. 23)

Une lecture qui prend aux tripes ! *
Découvert cet écrivain bosniaque en surfant sur le site Babelio, et en prenant connaissance des impressions de lectures des uns et des autres... J'avais noté dans mes préférences ce "Manuel d'exil"... que j'ai trouvé à
la médiathèque...

Une plume ironique, poétique, tendre, qui dit pourtant les douleurs intolérables de la guerre, des barbaries humaines, et puis la survie dans la fuite et l'exil !!...
Je fais donc connaissance avec cet écrivain, qui arrivant en France, comme réfugié politique, avait déjà écrit et publié dans son pays. Ensuite, s'étant acharné à apprendre la français, il écrira directement en français... Quel courage et quel mérite !... Une phrase m'a particulièrement interpellée : "--------
"Je ne suis pas prêt, le chemin est encore long. Je sais que ma nouvelle vie en France exige un esprit fort et une mémoire blanche. (...) Je sais que mon salut, ma Thérapie d'approche cognito-comportementale,ne doit être qu'une seule chose : l'écriture.
Il me faut apprendre le plus rapidement possible le français. Ainsi ma douleur restera à jamais dans ma langue maternelle. (p. 34)"

Emue et bouleversée par cette lecture, avec une nette préférence pour la première partie concernant son séjour en France entre Rennes, Strasbourg et Paris... la seconde partie, concerne les pérégrinations de notre écrivain apatride entre Budapest, Milan et l'Allemagne... les séances de signatures de ses livres, ses difficultés et impossibilités face à l'écriture; la solitude d'un homme , rempli de désillusions et de solitude au milieu de la société des hommes..!

"Comme on le sait, comme on l'a répété depuis longtemps, le poète est inéluctablement parmi les hommes, afin de parler de l'amour et de la politique, de la solitude et du sang qui coule, de l'angoisse et de la mort, de la mer et des vents. Pour écrire après une guerre, il faut croire en la littérature. (...)
Qu'elle peut ramener l'horreur, incompréhensible et inexplicable, à la mesure humaine. (p. 105)

"Je n'arrive pas à oublier que cet écrivain [Salman Rushdie] est menacé de mort, que ses ennemis sont urbi et orbi, dans le monde et dans la ville, au ciel comme sur la terre. Qu'ils sont prêts à verser un million de dollars pour tuer un écrivain, rien d'autre et rien de plus qu'un écrivain.
c'est déplorable et révoltant, je réalise que la littérature est une courageuse sentinelle, une sorte de papier de tournesol pour examiner le taux d'acidité et de folie dans ce bas monde. "(p. 126)

De beaux passages retenus ; ceux qui rendent hommage aux valeurs essentielles de l'Ecriture : outil de réflexion, compréhension, de résistance...de conjuration de l'exil, de la solitude dans un pays
étranger. L'auteur nous fait part de ses lectures et de ses auteurs de prédilection...qui l'aident au quotidien... à vivre et à oublier la guerre

"J'ai vingt-huit ans et j'ai déjà servi dans l'Armée populaire yougoslave, puis dans la défunte armée bosniaque. J'en ai plein le dos des armes et des drapeaux, des nuits sans fin qui mordent les mains et les aubes violettes qui commencent avec les obus ennemis. Je ne veux plus entendre aucun commandement d'aucun capitaine, aucun cri d'aucun blessé. (...)
Nom de dieu, je suis un poète ! Je ferme mon carnet et tire la couverture jusqu'au menton. tout baigne, tout est en ordre. Mes alliés, mes saints patrons, Prévert, Camus, Celan, Pound sont de nouveaux là. Rien à craindre." (p. 30)

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