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Critique de ClarissaDalloway


Big Fan, Radiohead, la fin du monde et moi, tout est dans le titre ou presque de ce roman où s'entremêlent et se rejoignent trois styles de textes, tantôt épistolaires, tantôt biographiques, récit d‘une vie d‘un fan par lui-même (pas toujours rose, mais hautement passionnée) et biographie non officielle du groupe Radiohead restée quant à elle inachevée, la faute au fan précité…
Que l'on connaisse ou non Radiohead est totalement sans importance, tout au plus et si vous étiez tout comme moi dans un état d'ignorance inavouable, irez-vous jeter un coup d'oeil à leur fameux « Creep » (mais bien sûr) pour les suivre ensuite, septique ou enchanté, ce sera selon, mais l'important n'est pas là (en tous cas pas pour les fans, qui devraient toutefois s'y retrouver :)
Non, il faut entrer dans cette histoire, totalement rocambolesque (vraiment ?), celle d'un fan un chouia déjanté aussi passionné qu'illuminé qui rencontra un jour un certain Colin (enfin un de ses doubles fantasmatiques), alors biographe non officiel du groupe, du moins en plein travail d'écriture sur ce dernier…
Bill Madlock , est le FAN par excellence, et plus que cela encore, LE fan absolu, celui qui navigue entre admiration éperdue, et connaissance quasi scientifique, on serait tenté de dire moléculaire du groupe auquel il a voué sa vie et sa substantifique moelle. C'est tout simple il connaît mieux Thom Yorke que ce dernier ne se connaît lui-même, pour un peu il le devancerait dans ses intentions et ses créations musicales, l'inspirerait même à distance, sorte de muse invisible et pourvue de bourrelets…
Bill est gros parce que sa mère ne sait pas l'aimer autrement qu'en le gavant de mayonnaise et de frites, parce que son père, un pilier de bar convaincu les a lâchés sa mère et lui un beau jour, pour ne plus reparaître que tous les quanrante du mois, non sans lui avoir offert en cadeau de départ un tranquille Iguane, du nom de Pablo honey (prémonitoire ?). Et si tout était écrit…
Mais être fan, et qui plus est d'un groupe qui annoncerait de façon même sibylline la fin du monde, n'est pas sans danger… Résultat des courses, Bill, le gros Bill, ou le Gros tout court, finit derrière les barreaux, victime de l'incrédulité du monde qui ne veut rien entendre de ses assertions ou galimatias, et qui court selon lui à sa perte et pas la moindre…
« Quand aura lieu la fin du monde ? La question est sans objet mon pote : on la vit en ce moment même. »
Alternant ses lettres de prison adressées au biographe, le récit de sa courte vie chahutée, triste à en pleurer quoique illuminée par quelques grands moments de bonheur absolu, et les chapitres de Colin-biographe sur Radiohead, très documentés et annotés de la main du gros Billy himself, sur fond musical, avec un Thom Yorke vibrant, déchainé sur scène, Big Fan vous transporte dans un ailleurs ou la folie rime avec la musique, et le fantastique avec le mystique…

Scotché, on suit les méandres de cette histoire qui se dévore comme un thriller (mais qu'a bien pu commettre LE fan pour moisir ainsi dans une geôle)… Ecoutez-le plutôt, alors qu'il se confie au sieur Colin ou biffe d'une main rageuse sa biographie en cours d'écriture (et il n'y va pas de main morte, fidèle à lui-même : « "Il serait bon d'éviter les phrases passe-partout. C'est Radiohead, putain, pas un concours hippique." " D'une façon générale, mec, je suis légèrement consterné par - non pas la pauvreté, mais l'indigence de ton style. On croirait que tu as quelque chose dans le cul, une chose que personne et surtout pas toi, ne se serait donné la peine d'identifier. Il faudrait que ça vibre carrément plus, si tu vois ce que je veux dire. Il faudrait que l'on sente les volts, les leucocytes, le degré d'alcool, les décibels, le décompte des points de santé mentale en chute libre." »

Page turner, Big Fan ? Assurément, et le cafard cosmique a bien raison de le préciser….
Et puis Bill est UN PERSONNAGE, un « type », un héros (n'ayons pas peur des mots), une silhouette de papier qui n'a rien à envier à un Ignatius Reilly ou à un doux dingue dont la folie serait le génie.

« Avec tout le respect que je lui dois, Bill Madlock ressemble au cinglé qui sommeille en moi : le fan que nous voudrions être et que nous avons probablement été, quelques semaines durant, aux alentours de nos quinze ans. ».

Finalement, et en guise de conclusion, je n'aurai qu'un mot d'ordre : lisez Big Fan !
Et puis... Billy a besoin de vous (les droits du présent ouvrage seront intégralement reversés à la fondation qui gère ses intérêts en vue de financer son procès en appel).
Vous doutez de son existence, vraiment ? Pourtant il n'a jamais été aussi vivant que sous la plume de Colin (qui rappelons-le, n‘écrit pas que pour la jeunesse. Et diablement bien en plus !)


Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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