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Critique de gruz


D'où vient l'inspiration ? du seul génie de l'écrivain ou d'une muse qui lui chuchote les histoires à l'oreille ? Tel est le sujet de fond de ce roman de Fabrice Colin, aussi étonnant dans le fond que sur la forme.

1914, la Grande Bretagne est aux portes de la guerre. Quatre écrivains de fiction (de l'Imaginaire) se retrouvent dans un manoir, comme en cale sèche. Ils ont tous connu un grand succès, mais les vagues de cette fameuse inspiration semblent avoir reculé au loin depuis trop longtemps.

Cet aréopage d'hommes, qui se sentent fort importants dans le domaine, jugent, durant ce séjour, la situation autant que leurs congénères. Et vont même jusqu'à infliger châtiments afin de rallumer la flamme. Une femme, et la guerre, viendront bouleverser cet ordre un peu trop établi.

Dans ce roman, Colin interroge, de manière ludique, cette quête de souffle romanesque. En intégrant dès le début un petit elfe malicieux qui vient se frotter d'un peu trop près au monde des hommes, à travers le Delirium.
Certains arrivent presque à ressentir sa présence. Mais qui mieux que les enfants et les fous peuvent réellement voir ce monde caché ?

Le monde décrit met un pied dans le réel, et pose l'autre dans un univers fantasmé empli de fées. Mais on est loin d'un univers pour gamins, certains passages sont durs et ces créatures n'ont pas vraiment de bienveillance pour l'être humain.

Le récit est imagé, tout en illusion, une paréidolie qui demande au lecteur de lâcher totalement prise.

Avec comme toile de fond une certaine nostalgie de l'âge d'or, celui des romans d'avant-guerre, dont ce cataclysme mondial va effacer une partie de la magie. D'ailleurs, ce livre est l'occasion de s'amuser avec quelques noms d'auteurs et de romans du XIXème, réinventés pour l'occasion.

Le livre-objet est superbe. Un gros travail sur l'esthétisme, la mise en page et la typographique a été réalisé, séparant les pans du réel des élucubrations du lutin. Et égrainant l'inéluctable.

Fabrice Colin y a trouvé un grand espace de liberté, au point brouiller les codes. Et s'abandonner à travers une construction narrative singulière, avec un travail stylistique fouillé. Je peux vous assurer que vous prendrez quelques fois le dictionnaire en main, tant l'éventail des mots et expressions est sensiblement plus étendu que dans nombre d'autres romans.

Avec ce fameux lâcher-prise qui permet à l'écrivain d'accumuler bons mots et calembours plus ou moins bien sentis. Parfois au kilomètre.

Je dois bien l'avouer, cette lecture m'a tour à tour subjugué et perdu, tant la structure narrative est évanescente. Certains passages ne m'ont pas du tout parlé, alors que d'autres ont éveillé une malicieuse étincelle dans mes yeux.
J'en ressors donc partagé, et un peu perdu. C'est une expérience à vivre hors du temps et de l'espace.

Golden age est un roman atypique, dans sa forme comme dans le fond, un récit merveilleux empreint de cruauté, de mystérieux. Comme une ode à l'Imaginaire et à l'inspiration qui peuvent être sans limite.
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