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Critique de amuri59


Une aubaine pour moi, puisque j'ai gagné ce livre sur Facebook et qu'il me faisait de l'oeil depuis un moment.
Merci à l'auteur qui m'a fait très rapidement parvenir cet ouvrage. Un petit bonbon qui se lit très rapidement mais dont le thème peut déstabiliser certains lecteurs.

Magali Collet nous propose de découvrir Manon, une vraie fée du logis, tenant impeccablement la maisonnée où elle vit avec son père. le hic est que Manon n'a jamais mis les pieds plus loin que la clôture du jardin et qu'elle regarde « la vraie vie » au travers de l'écran de télévision. Cette jeune femme de 22 ans, douée pour le calcul, compte souvent les jours qui la séparent de sa prochaine raclée. Mais surtout, elle a pour mission de veiller sur la cave et ses secrets.

On entre très rapidement dans ce roman noir et psychologique tant la plume de la romancière est habile, le style est fluide et bien travaillé. Je n'ai d'ailleurs pas ressenti les petits défauts inhérents à une première publication mais apparemment Magali a de bons gènes. le lecteur est prévenu par une note de l'éditeur d'une liberté prise sur l'emploi et la concordance des temps, c'est justement ce qui fait en grande partie le sel de ce bouquin, qui est le plus souvent mené à la première personne par Manon, pour souligner le manque d'éducation de celle-ci. Tout cela est quand même bien tourné pour une gamine qui a arrêté « ses études » à l'âge de 10 ans.

Magali Collet installe une ambiance particulièrement glauque dans ce huis-clos au sein d'une maison perdue au milieu de la montagne. On assiste à une déshumanisation en règle. En effet, certains personnages sont considérés comme des meubles et traités de la sorte. « le Père » est ainsi toujours appelé de cette manière pour lui garder ce titre mais le sortir de sa condition d'homme et le réduire au rang de monstre qu'il est.

L'écrivaine fournit un gros travail sur la psychologie de ses personnages. Elle nous décrit un abandon progressif et un renoncement face à une situation d'horreur qui ne cesse de se répéter. Elle combine le syndrome de Stockholm avec une autre forme d'attachement. Elle montre aussi que grâce à un simple prénom, l'univers de personnes et leurs certitudes peuvent basculer à tout jamais.
Le travail le plus abouti s'effectue sur la narratrice principale : Manon. On suit l'évolution de ce personnage sous emprise au fil des pages et des situations. Tel un papillon, elle devra sortir de sa chrysalide pour s'ouvrir au monde extérieur. S'extirper de sa carapace hermétique aux sentiments et à la douleur. Renier cette pensée qui résonne comme un mantra et qui revient sous différentes formes : « quand on vit dans la merde on finit par lui ressembler quoi qu'on fasse ».

Je me suis fait avoir par la conclusion de cette intrigue qui, finalement, est peut-être plus subtile. Mais j'ai surtout découvert une auteure profondément humaine qui distille des pastilles d'espoir dans certains de ses chapitres. Mais attention l'espoir peut très vite se transformer en cauchemar.
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