Nous cherchons dans la matière. Nous cherchons dans les pigments. Nous cherchons à faire surgir la lumière de l’opacité. Pas étonnant que les gens nous prennent pour des fous. Nous sommes encore plus fous que les imbéciles qui se tuent pour une femme. On se console d’être injurié, d’être nié en comptant sur la postérité, sur l’équité des siècles à venir. Mais si les générations futures se trompaient et comme nos contemporains préféraient d’aimables bêtises aux œuvres fortes, alors nos existences de forçats cloués au travail, pour quoi ? Il ne faut pas dire ces choses-là… Sinon comment garder le courage de sa besogne. Comment rester debout sous les huées sans l’illusion consolante d’être aimé un jour. Quand la Terre claquera dans l’espace comme une noix sèches, nos œuvres n’ajouteront pas un atome de poussière. À quoi bon vouloir combler le néant. Et dire que nous le savons, et que notre orgueil s’acharne !
On nous assimile à des Communards. Alors faisons la Commune de l’Art. Dressons des barricades de couleurs, et s’ils veulent récupérer nos canons, ce seront de nouveaux canons esthétiques !
Donnez pour l’érection de la sainte basilique du Sacré-Cœur.
Je ne crois pas être fait pour l’ennui matrimonial.
Se retrouver jugés par des imbéciles est déjà comme une salissure.
Mieux vaut être méprisé et le savoir, qu’être méprise et s’entendre flatter.
Caillebotte a exposé les raboteurs de parquet et un jeune à sa fenêtre d’un relief étonnant. Seulement c’est une peinture tout à fait anti-artistique, une peinture claire comme le verre, bourgeoise à force d’exactitude. La photographie de la réalité, lorsqu’elle n’est pas rehaussée par l’empreinte originale du talent artistique, est une chose pitoyable. - Émile Zola
Proudhon avait écrit : L’art en s’est occupé jusqu’à présent que des dieux, des héros et des saints. Il est temps qu’il s’occupe des simples mortels.
Pourquoi figer la perspective dans des règles aussi strictes ? Après tout, Piero Della Francesca dépeignait la modernité de son époque comme il la voyait. Pourquoi ne pourrait-on dépeindre notre propre modernité ? Nous sommes dans l’ère de l’industrie de la vapeur, des trains et des gares.
Le monde moderne n’a que faire de la mythologie. Le labyrinthe moderne n’est pas celui de Dédale, mais celui du baron Haussmann. Nous nous perdons dans toutes ces façades identiques. L’homme moderne est un fantôme qui se glisse silencieusement sur le pavé mouillé de la ville grise.