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Critique de Kirzy


Kirzy
22 décembre 2020
C'est le genre de roman qui avait tout pour me séduire, une saga courant de 1918 à 1992, retraçant les destins de trois générations d'une famille afro-canadienne originaire d'une colonie de Nouvelle-Ecosse fondée au XVIIIème siècle par des esclaves rebelles, fugitifs ou affranchis venant des Caraïbes ou du Sud des Etats-Unis. Les premiers chapitres sont prometteurs, centrés sur Kath Ella, jeune fille brillante qui a l'ambition d'intégrer une université grâce à une bourse, parcours très difficile lorsqu'on est noire dans les années 30, même au Canada. On sent toute la sincérité de l'auteur à décrire Africville et à présenter la vie des Noirs au Canada, thématique dont la littérature s'est moins emparée que son versant états-unien.

Mais voilà, une fois que Kath Ella passe le relais narratif à son fils puis à son petit-fils, j'ai décroché et sans avoir ressenti un réel allant pour le personnage initial qui m'a seulement intéressé à défaut de me faire vibrer. le récit se transforme en fouillis d'anecdotes peuplées de personnages secondaires qui surgissent sans qu'on sache trop d'où. Les nombreux flashbacks ajoutent à cette confusion là où ils auraient pu être une exploration de la façon dont le temps et les migrations peuvent changer une famille et l'expérience raciale. Jamais ils ne complètent les personnages principaux pour leur apporter une réelle épaisseur psychologique alors que ce qu'ils vivent est passionnant : le « passing » pour le fils qui profite de sa couleur de peau très claire pour se faire passer pour blanc et renier toute sa famille ; la confrontation aux origines pour le petit-fils qui découvre qu'il a du sang noir et décide d'assumer cet héritage.

J'ai souvent eu la sensation que les différentes intrigues appartenaient à plusieurs livres indépendants, comme si Jeffrey Colvin, écrasé par son ambition initiale, peinait à colmater ses récits en un seul, fluide et prenant. Je le regrette vraiment car les variations autour de l'appartenance tenace à un lieu, une histoire et une communauté pouvaient donner lieu à un magnifique roman.
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