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Critique de kielosa


Une histoire en superlatifs : le contrat d'édition a accordé à l'auteur un contrat de 2 millions de dollars, 600.000 exemplaires de ce livre furent vendus pendant la toute première semaine et l'homme qui a rendu ce "deal" possible occupe la fonction de président des États-Unis.
Sans les frasques et pitreries de Trump, l'ouvrage de James Comey n'aurait évidemment jamais obtenu un tel score. "A nutcase" (dingue, taré) est le verdict de Donald-le-Grand qui ne supporte peut-être tout bêtement pas que l'auteur, avec ses 2,03 mètres, dépassât joyeusement son chef. Sur toutes les photos des 2 hommes, c'est d'ailleurs toujours le même qui soit assis !

D'abord un mot sur l'auteur. C'est en 2013 que James Comey a été nommé directeur du FBI (Federal Bureau of Investigation) par le président Obama. Il avait 52 ans et une carrière derrière lui comme juriste dans le privé (entre autres chez Lockheed) et dans la fonction publique, notamment comme procureur général de Manhattan, New York. Il s'était marié en 1987 avec une co étudiante, Patrice Failor, de qui il a 5 filles. Son fils mourut en bas âge (d'une infection 9 jours après sa naissance). Un homme qui est né avec un sens prononcé de loyauté et de devoir. Déjà son grand-père était un haut officier de police et son père occupait des fonctions de confiance dans l'armée. En tant qu'étudiant il s'est imprégné des théories politiques et pacifistes du théologien et éthicien influant Reinhold Niebuhr (1892-1971). Pas surprenant que cet ouvrage autobiographique porte comme sous-titre : "Une loyauté à toute épreuve".

Une loyauté qu'il a prouvé, en 2004, en s'opposant au programme "Stellar Wind" (vent stellaire) qui permettait à la "National Security Council" (NSC) le contrôle absolu des communications des Américains (téléphone, courrier, emails). En dépit d'un savon par le vice-président, Dick Cheney, et après avoir menacé de démissionner, Fiston Bush a fini par accepter les modifications que James Comey et ses collaborateurs avaient préparées. Une belle victoire, d'autant plus qu'il s'opposait à des membres influents du gouvernement comme Donald Rumsfeld, Condoleezza Rice etc. Son seul appui, Bob Mueller, son prédécesseur comme directeur du FBI.

À sa grande surprise, ayant rejoint le secteur privé après des années de service pour les Républicains, il fut convoqué par le président démocrate Obama à la Maison-Blanche qui lui demandait d'assurer la succession de Bob Mueller à la tête du FBI. Ainsi, le 4 septembre 2013, il prêta serment comme le 7ème directeur du FBI depuis sa fondation en 1935. Pour préserver l'indépendance de cette institution, qui compte quelque 35.000 collaborateurs et a des compétences dans de nombreux domaines, de la politique, le directeur est nommé pour une période de 10 ans.

Dès le premier jour, James Comey expliqua clairement ce qu'il attendait de ses collaborateurs en matière de devoirs et éthique. Son approche était, en somme, exactement à l'opposé des intrigues douteuses du tout premier directeur, John Edgar Hoover (1895-1972). Je me permets de vous renvoyer, à ce propos, à mon billet du 15-05-2017 du livre d'Anthony Summers "Le plus grand salaud d'Amérique".
Pour marquer sa différence de style et d'approche, le nouveau "big boss" alla manger à la cafétéria, où il faisait gentiment la queue comme tout le monde, tout en bavardant avec celui qui se trouvait juste avant ou après lui. Un jour, derrière lui dans la file se trouvait un spécialiste du département informatique, qui lui demanda où il travaillait au juste, après s'être présenté le "nerd" lui répondait "Oh, on line vous avez une toute autre allure".
À son arrivée, 83 % des agents spéciaux étaient des blancs non hispaniques, 3 ans plus tard, l'école de formation à Quantico comptait parmi ses nouvelles recrues 38 % de non blancs.

Ce beau tableau alla vite s'assombrir avec la candidature et l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et le mandat de James Comey à la tête du FBI prendre fin, exactement 3 ans, 8 mois et 5 jours après sa nomination, au lieu d'en 2023. Depuis son renvoi, il a, d'ailleurs, été succédé par Andrew McCabe, qui a fait un passage éclair de même pas 3 mois (du 9 mai au 2 août 2017), pour être remplacé, en août de l'année dernière par le n° 9, Christopher A. Wray !

Je ne vais pas résumer les démêlés multiples entre ces 2 hommes, qui couvrent un bon quart de l'ouvrage. Pratiquement tout les opposa, à commencer par la notion de loyauté qui chez Trump semble se limiter à sa conception de gloire personnelle. Que les volte-face, le "fake news" et mensonges, les options débiles comme en matière de commerce international du Donald ont du représenter à l'homme d'éthique Comey autant de cauchemars, va de soi.

Je ne vais pas non plus répéter mon portrait de Trump, basé sur mon billet assez détaillé du livre "Le cas dangereux de Donald Trump", l'évaluation de la santé mentale de ce grand président par 27 psychiatres et spécialiste américains, du 21-01-2018.

L'ouvrage de James Comey est honnête, précis et révélateur d'un triste épisode dans l'histoire des États-Unis et dans le reste du monde, grâce à un seul homme qui a réussi à se faire élire à la tête de l'un des plus puissants pays du monde, sans qualification particulière ni grande intelligence, au contraire, comme nous pouvons tous constater, malheureusement, en suivant l'actualité.

Ce qui m'apparaît le plus inquiétant est que dans notre "Europe des Lumières" le "nutcase" Trump continue à trouver des adeptes : après la Pologne, l'Autriche, la Hongrie d'Orbán, il y a maintenant aussi l'Italie avec un Matteo Salvini comme ministre de l'intérieur !
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