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Critique de madamelafee


Les vies s'enchevêtrent. Les peurs immémoriales et les vieilles tentations refont surface avec une violence dont Tituba et quelques autres seront les victimes expiatoires toutes désignées.
Un roman cruel et sardonique.
La toute jeune Tituba, fille de l'esclave Abena va devoir affronter très jeune la haine et la rancoeur des hommes et va devoir affronter et accepter dans sa chair et dans son âme la mise à mort de sa mère après qu'elle a voulu tuer son maître d'un coup de couteau. Nous sommes à la Barbade au XVII siècle. C'est de cet acte de haine que Tituba va devoir fuir et dans sa fuite elle va rencontrer une femme, Man Yaya qui va la prendre sous son aile et va devenir sa seconde mère. Elle va d'une part lui enseigner l'art de guérir avec les plantes et d'autre part elle va l'initier à une connaissance plus haute « le monde des morts » et comment communiquer avec eux. Man yaya n'est pas éternelle, elle va mourir et peu de temps après Tituba succombera au charme de John Indien. Elle le suivra malgré les mises en garde des esprits de sa mère et de Man yaya jusqu'à Boston puis au village de Salem où elle sera l'esclave d'un nouveau maître, le révérend Samuel Parris. Ce choix, de suivre John Indien va l'entraîner dans la tourmente du procès des sorcières de Salem.
La romancière Maryse Condé se délivre du poids d'une Afrique qu'elle porte dans son coeur et dans ses entrailles. Elle fait craquer tous les vernis pour nous donner un texte riche et amer. C'est un récit dur et sec comme cette terre ingrate de Salem. Crépitant de phrases sans fioritures, Tituba scintille de couleurs et charrie des mots, des images, des phrases sinueuses et sensuelles. Elle dévoile aussi une magie qui nous émerveille dans sa correspondance qu'elle a avec les esprits.
Mais ne nous égarons pas Tituba est une combattante et une résistante car « ceux d'entre nous qui ne sont pas venus au monde armés d'ergots et de crocs, partent perdants dans tous les combats.
Salem est une ville ténébreuse, une ville pieuvre, une ville puritaine, une ville piège car elle sera prise dans les mailles de ses filets. Ses habitants voient peu à peu en Tituba une sorcière. Elle est emprisonnée comme une sorcière dans une cellule sombre et insalubre. Elle la partage avec une jeune femme Hester. Malgré l'amitié d'Hester, la prison laissera à Tituba une impression ineffaçable.
Quelques mois plus tard Hester n'est plus. le coeur de Tituba se brise. Puis elle est employée dans les cuisines de la prison. Cuisiner présente des avantages certains car son esprit demeure libre. En 1693 on ouvre les portes des prisons et on déclare un pardon général. Sa joie la possède entièrement mais qui se soucie d'elle ? Un homme, un commerçant que l'on dit extrêmement riche qui est vraisemblablement en relation avec les Antilles, il symbolise ce que Tituba espère…. Un retour à la Barbade .
Non, décidément ce roman n'est pas désespéré. Une justice immanente s'y réfléchit. Après la prison de Salem une nouvelle vie commence pour elle, c'est ce qu'a voulu raconter Maryse Condé pour la réhabiliter et surtout pour l'arracher à l'oubli auquel elle a été condamnée.

Lien : https://leschroniquesdecoco2..
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