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Critique de Shaynning


Après avoir lu plusieurs dystopies combinées à des triangles amoureux, cette formule commence à devenir indigeste et le personnage de Cassia n'a pas le dixième d'une âme vraiment distincte, mais un profil incertain, déjà-vu.


Malheureusement, il y a très peu d'action dans ce premier tome, sans parler de plusieurs évidences ( pas de surprises). Comme le tout était long et à la limite soporifique, j'ai sauté vers la fin, où j'ai apprit que ma théorie sur la capacité de la capsule rouge était fondée. C'est pathétique de deviner le plus gros punch de roman et le pire, c'est que ça rejoins directement un autre dysto-romance pas terrible, Divergence.


En y repensant, il y a aussi un aspect que je déplore dans ce roman: la romance ( ou plutôt son absence). Cassia nous explique avoir été appariée à son meilleur ami, un superbe jeune homme aux qualités innombrables. Et moi de me dire: "Hey ben, la chanceuse! Tu es dans un régime totalitaire au moins assez censé pour te refiler ton meilleur ami comme mari, formidable!" Mais ensuite, l'autrice essais de nous faire croire qu'en dépit de sa relation profonde avec ledit meilleur ami ( qui a toutes les qualités je le rappelle), notre ado aussi naïve que stupide va préférer entretenir une relation avec un dude pratiquement inconnu simplement parce que ce "mystérieux" ( adjectif surfait) jeune homme"pourrait aussi être LE BON", suite à un bug dans le système l'ayant apparié avec lui pour trente secondes? Est-ce moi où cette fille est une imbécile totale? Est-ce parce que Monsieur Mystère est justement "mystérieux" qu'il est donc plus intéressant? Est-ce parce que c'est un fils de rebelle ( donc on suppose que c'est une forme très très éloignée de "bad boy", comme si ce qualificatif était génétique?). Je ne comprend pas du tout la logique de ce personnage. Ç'eut été plus logique si le système l'avait accidentellement appariée à un gars qu'elle connait et qu'elle apprécie, créant un triangle déjà vu, mais au moins cohérent, mais là c'est un foutu étranger vaguement croisé dans son enfance! Et on veut me croire que miss Robe de bal verte va préférer un étranger à son meilleur ( et beau et fin et tout parfait) ami? Incompréhensible et très immature.


L'autre problème, je le réitère, la romance à l'américaine, ça ne va pas avec la dystopie, selon moi. Les vrais dystopies sont généralement là pour traiter d'enjeux, qu'ils soient relatifs à l'éthique, au Droits de la personne ou à la liberté. Elles nous mettent en garde, nous exhortent à réfléchir. Bref, elles nous poussent et nous confrontent, souvent de pleins fouet, avec des "futurs hypothétiques sombres et déshumanisant". Alors quand je vois miss ado de collège nous faire celle qui n'a rien comprit de son propre univers, trop occupée à chercher son "homme", je trouve que ça ne va pas ensemble. Suzanne Collins semble avoir réfléchit à la question ( c'est bien la seule) parce que la romance entre Katniss et Peeta, le duo du roman, ne relève pas du même canevas. Leur relation est a priori artificielle, mais va se bâtir sur le besoin de survivre en dehors des spots de caméra. Ces deux personnages affrontaient leur ESPT ( État de stress post-traumatique) côte à côte. Très crédible pour une dystopie, qui revoit ainsi réellement le patern amoureux dans un contexte social épouvantable. Mais ici, c'est la typique amourette de pré-ado pour son boy's band préféré ( "Hurlement hystérique: Nya! Y'est trop beau le bad boy! Tiens je ne sens plus mes neurones?"). Ne manquait donc que les posters au mur. Bon sang que je me sens prise pour une imbécile.


De toute manière, on aborde les émotions dans ce roman avec autant de subtilité qu'un tank dans un salon de thé, ça ne marche pas du tout. Tout est terriblement linéaire et creux. Je ne suis pas parvenu à voir une once de personnalité chez aucun des personnages, Cassia la première. On se concentre exactement sur le truc le moins intéressant de cet univers: le choix amoureux de Cassia. Et le pire, à mon avis, c'est que l'autrice tente de nous faire avaler qu'un "germe rebelle" grandis en elle, à grand coup de "entre avec violence" répété plusieurs fois, histoire d'être sur qu'on y croit. Prend le lecteur pour un idiot, prise 2!


Aussi, ce roman avait d'excellentes bases pour être une dystopie ( quoique certaines idées viennent directement du "Passeur" de L.Lowry, alors originalité, on repassera), mais on se perd dans un méandre sentimental d'enfant de 10 ans ( oui Cassia, tu es un désastre de bêtise) pour une amourette non seulement illogique, mais aussi déjà vue ( triangles, maudits soyez-vous). À croire que les autrices jeunesse américaines brodent leur romans sur le même vieux canevas désuet et puéril d'amour de fille de 1945. Mais, ça vend!


Ç'aurait pu être intéressant si l'autrice avait pensé son concept inversement: se retrouver avec un choix totalement surprenant, puis tâcher de comprendre pourquoi ce choix serait logique. Ça, ça fait plus dystopie, selon moi.


Par contre, les amateurs du genre romance clichée très vaguement dystopiques ne seront pas déçus.

Pour ma part, ma lecture de la trilogie s'achève ici.

Envie de dystopie pertinentes? En voici:
- le passeur, L.Lowry
- L'école est finie, Grevet
- Labyrinthe des rêves, J,Gagné
- V pour Vendetta ( la BD)
- Méto, Grevet aussi
- le meilleur des mondes, A.Huxley
-Fahrenheit 451, R,Bradbury
-Hiver écarlate, Eve Patenaude
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