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Critique de Colchik


En 1890, Conrad a pris un engagement de 3 ans comme capitaine sur un steamer, le Roi des Belges, qui fait la navette entre Kinshasa et le Stanley Pool. Ses Carnets du Congo sont constitués par une suite de notes, sur les conditions de navigation, sur la géographie du fleuve, les points de ravitaillement. La brièveté des remarques n'autorise qu'une lecture en creux : tout ce qui n'est pas dit surgit au détour d'un adjectif, « malsain », « infect », ou encore une note cinglante, « occupation idiote ». Dès son arrivée à Matadi, ville portuaire du Bas-Congo, on sent que Conrad ne s'entendra ni avec l'administration coloniale ni avec le personnel des comptoirs. D'emblée, il se méfie de la société coloniale – les gens d'ici (les Blancs) – et se confronte aux rivalités entre Anglais, Français et Belges. Les Carnets laissent entrevoir également le peu d'intérêt qu'éprouve Conrad pour la navigation fluviale qui exige une attention tatillonne et procure peu de satisfaction. Enfin, on sent planer l'inquiétude sur son état de santé. La colonie est décimée par les fièvres et la dysenterie et la mortalité est effroyable.
On a dit que les Carnets étaient la matrice d'Au coeur des ténèbres. À l'évidence, non. C'est un journal de route où affleure le malaise permanent de Conrad pour une mission qu'il déteste et un lieu qui le terrifie. Ce sont cette expérience et cette détestation qui nourriront son chef-d'oeuvre paru en 1899.
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