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Critique de Perdre-son-temps


Impossible pour moi de lire celui-ci en refoulant le souvenir que j'avais gardé du film de Richard Brooks… Mais Conrad a sa patte bien à lui pour raconter. En cela le livre n'est pas comparable au film qui en a été tiré. (Quelle idée d'ailleurs de comparer des livres et des films…)

Ici le procès de Jim occupe plus d'une bonne moitié du livre et cette attente - la macération du héros dans la culpabilité et la honte - crée une tension vraiment suffocante et un véritable contrepoids à l'action qui suivra dans le récit : quand Jim tentera de se racheter. Ce sont ces effets de contraction et de dilatation de l'histoire qui nous font ressentir l'emprise saisissante d'un destin sur les personnages. L'intervention d'un narrateur (principalement Charles Marlow) est directement au service de cette machinerie. On a souvent reproché à Conrad l'usage de cet artifice mais quelle ampleur il arrive à en tirer ! Rendre palpable une chose comme le destin, ce n'est pas donné à n'importe quel bonimenteur !

Enfin on voit souvent dans l'histoire de Thuan Jim une réflexion sur l'honneur. Oui, mais après tout qu'est-ce que l'honneur sinon une certaine image que l'on se fait de soi ? À cet égard j'ai trouvé bien âpre cette cruauté à l'oeuvre dans le roman : un homme qui se bat pour l'idée qu'il se fait de lui… jusqu'à la mort.
À la fin Marlow dit à son auditoire : -"maintenant Jim est des nôtre"…
Sans blagues, cette histoire d'honneur c'est bien notre tragi-comédie à tous, tous autant que nous sommes…


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