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Critique de Achillevi


Conrad, dans ce second roman publié en 1896, reprend les personnages et le lieux de la Folie Almayer qu'il avait situé sur les bords d'une rivière orientale du côté de Bornéo.

Cette nouvelle intrigue se déroule quelques années plus tôt. Il y met en scène la déchéance progressive de Willems, son personnage principal. Ce dernier ayant commis des malversations au sein de la maison Hudig et Cie, est protégé par le capitaine Lingard qui l'éloigne et le débarque dans l'un de ses comptoirs à Sambir, ville qui s'ouvre sur les bords d'un fleuve dont le nom n'est jamais cité. Almayer y gère les affaires de Lingard, mais ayant été quelques années plus tôt sous les ordres Willems, une antipathie vive oppose très rapidement les deux hommes. Elle conduira alors Willems à trahir les intérêts même de son protecteur. Cette trahison sera l'une des conséquences désastrueuses de sa rencontre avec une très belle indigène vivant de l'autre côté du fleuve qui le subjuguera dès le premier regard. La passion et le désir qu'il éprouvera pour elle le conduira à tous les renoncements oscillant constamment entre remord existentiel et désir d'autant plus coupable qu'il est marié à Joanna dont il a un jeune fils Louis.

Les turpitudes de Willems seront d'autant plus exacerbées que l'isolement auquel il est contraint blessent son orgueil démesuré. La moiteur et la chaleur émolliente des tropiques semblent dans le même temps faire perdre à lui comme à Almayer toute dignité et toute retenue laissant libre cours à leurs passions les plus viles. Comme Conrad le reconnait dans sa note introductive de 1919, il s'agit du plus tropical de ses récits orientaux. On y retrouve également sa critique du colonialisme dont "Au coeur des ténèbres" sera l'oeuvre la plus emblématique, elle aussi se déroulant sur les bords d'un fleuve.

A travers ce roman et au delà d'une structure narrative qui signera l'ensemble de ses oeuvres, Conrad s'affirme dans ce qui fera plus tard sa marque : des personnages au destin à la puissance évocatrice confrontés à leurs dilemmes et leurs misères intérieures et auxquels il ne peuvent échapper.

Enfin, la mer est également. Cette mer dont Conrad reconnaitra que la Folie Almayer n'avait rien à voir aussi bien par la pensée que l'émotion et que cette part de lui-même s'en trouvait grandement ébranlée.
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