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Critique de Errant


J'ai commencé ce roman avec le même ravissement que m'avait procuré « Le prince des marées ». L'écriture poétique de Conroy quand il décrit le Sud, ses personnages intenses, ses dialogues percutants, ses multiples histoires qui s'emboîtent si bien, le charme opérait à nouveau jusqu'à ce qu'il soit rompu et me laisse finalement avec l'impression d'avoir parcouru une montagne russe littéraire...
Il y a tellement de points forts dans ce roman que cela aurait pu être un coup de coeur monumental. L'introspection de Jack m'a happé tout au long. Que ce soit quant au suicide de sa femme, de ses amitiés trahies, de sa relation avec ses parents et ses frères ou même la plaie vietnamienne. Sa façon d'assumer seul l'éducation de Leah, ne pensons ici qu'à Chippie-la-bonne-chienne en autre, donne lieu à des dialogues savoureux et fait chaud au coeur. À chaque fois que les frères McCall étaient réunis, un joyeux bordel s'installait à mon plus grand plaisir. L'enfance et la vie étudiante de Jack et ses amis est digne de biens des romans d'apprentissage. Les descriptions de Rome, Venise et le Sud profond font rêver. Tout ce qui concerne Lucy, de ses origines à ses mariages, de ses tortues à son attitude devant sa mort imminente m'a captivé, ému et fait réfléchir. J'ai aimé détester le père de Jordan, savourer les répliques assassines de la fratrie, rire des frasques du benjamin, suivre les états d'âme de Jack, découvrir tant de personnages tranchés au couteau. Et quelle histoire! Dense, complexe, louvoyant de thèmes en thèmes, chevauchant les époques et les pays avec en filigrane ces obsédantes questions: mais qu'a donc fait Jordan et quelle est ce drame qui a conduit à l'éclatement de ce groupe inséparable? Et le dénouement de l'intrigue, sous forme de simili procès, avec toutes ces confrontations m'a paru une pièce d'anthologie en soi.
Mais, et il est de taille, les longs retour sur le passé des parents de Shyla m'ont paru plaqués, n'apportent rien de substantiel à l'histoire et m'ont profondément ennuyé. L'Holocauste et ses ravages ont été écrits ad nauseam et je n'ai rien trouvé d'original ici. J'ai vu cela comme une énorme digression qui casse le rythme et l'atmosphère du roman. Mon autre réserve, très personnelle, concerne le pardon qu'accorde Jack à ses beaux-parents qui ont tenté de lui ravir sa fille sous de fallacieux prétextes et à son « ami » Capers qui l'a sciemment et profondément trahi à l'université; je ne crois pas que dans la vie on doive tout accepter et la déception a été vive face à ce personnage qui m'était si sympathique. En somme une très bonne lecture qui ne m'a pas laissé indifférent!
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