AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Allantvers


Jack Mc Call s'est promis, après le suicide de sa femme, après le procès immonde que lui intente alors sa belle famille pour lui enlever la garde de sa fille et la réaction délétère de sa propre famille, de ne plus jamais remettre les pieds dans ce milieu mortifère.
Il s'exile en Italie avec sa fille Leah.

Il finira par changer d'avis en apprenant que sa mère est malade et rentre auprès des siens.
Il retrouve d'abord ses liens forts avec ses trois frères, le plaisir de sa terre, puis finit par résoudre ses conflits familiaux et amicaux de jadis.


Récemment sortie emballée de la lecture du "Prince des marées", je me suis engagée avec enthousiasme dans l'écoute de cette "Beach Music" pour renouveler le plaisir, bien avertie qu'elle rechantait à peu près la même chanson :

- La Caroline du Sud,
- Les conflits âpres au sein d'une famille autant aimante que destructrice,
- Une narration portée par l'un des enfants lourdement abimé par ce contexte familial, qui en révèle peu à peu les secrets à l'origine de la douleur,
- La fratrie soudée, le père brutal et défaillant, la mère révérée et haïe, liant indestructible qui force à l'oubli ou au dépassement de la souffrance,
- Des tranches de vies sous forme de digressions plus ou moins intégrées au récit.

Tous ces couplets et refrains sont en effet bien là dans "Beach Music"... mais en beaucoup moins bien.

Passons sur l'Italie en carton pâte sur lequel s'ouvre le roman : plazzas ensoleillées et gorgées de fruits, pizzaiolo avenants, pasta al dente, tout y passe.
Passons aussi en ce début de roman sur l'enfant parfaite de Jack : jolie, gentille, toujours d'accord, incroyablement intelligente et mature. Question vraie vie, on repassera (que le premier parent qui n'a jamais crisé devant son enfant gueulard me jette la pierre).

Bref, un début gentiment ridicule.
Mais on reste à ce stade du récit alléché par l'envie de vivre avec Jack son retour au pays, de découvrir sa famille et d'en comprendre l'histoire et son impact sur lui.

Certes, on est servi : on a plaisir à le voir renouer ses liens truculents avec ses frères, régler en adulte le conflit avec le père, dépasser avec amour les écueils vécus auprès de sa mère mourante, accepter d'affronter la belle famille..

Et de découvrir des portraits admirables (le jeune frère dérangé, la belle-mère), dérangeants (le père), voire époustouflants (la mère, le beau-père).

L'empathie fonctionne.

Mais pas à plein :

Le récit pêche par manque de charpente, avec des scènes qui ne s'enchainent pas de manière naturelle.

Et pire, par manque de crédibilité :
Au mieux: notre Jack qui nous jure dans les cent premières pages de ne jamais revoir sa famille et change d'avis à la première injonction;
Au pire, la théâtralité grotesque de la scène qui rassemble les protagonistes de sa jeunesse.

Ces réserves ne m'ont pourtant pas empêché de lire "Beach Music" d'une traite.

J'en garde au final comme image la plus forte la même que celle retenue du "Prince des marées":

Celle de la mère, incroyablement forte, hors des normes, apte à rebondir face à la souffrance, solaire et conquérante, protectrice malhabile de sa progéniture.

Cette mère sur laquelle Pat Conroy, enfant maladroit battu par son père de son propre aveu, n'en finit pas d'écrire.








Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}