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Critique de Iboo


Iboo
19 septembre 2017
En premier lieu, je tiens à remercier sincèrement les Éditions le Nouveau Pont pour m'avoir adressé gracieusement ce livre que, sans cette aubaine, je n'aurais pas hésité à acheter.
Je salue au passage l'excellente traduction de Marie Bisseriex. Il faut aimer les auteurs et la littérature pour s'acquitter de cette tâche avec brio et, force est de constater, que tous les traducteurs ne sont pas animés de ces louables motivations. Il convient donc de le souligner quand, comme présentement, la traduction est réalisée avec talent et respect de l'esprit de l'oeuvre et de son auteur.

Alors, sans doute est-ce parce que l'histoire de cette relation avec son père a pour moi une résonance particulière, mais j'ai trouvé que Pat Conroy avait très habilement mené son autobiographie. Il a, en effet, réussi à me faire passer par toute la palette des sentiments.
Avec lui, et graduellement, j'ai éprouvé : la détestation, la rage, l'acceptation, l'indulgence, l'empathie, la considération et, aussi inattendu que cela puisse être, une certaine tendresse pour cet homme invivable qui se serait pourtant contrefoutu de mon opinion, ou de celle de quiconque, à son encontre.

Aîné d'une fratrie de sept, Pat Conroy a très vite compris que le seul moyen de sortir plus ou moins indemne de cette relation destructrice était de se blinder, de prendre de la distance. À la violence, les vexations, les humiliations paternelles, il a opposé l'ironie, la dérision, la désinvolture, l'humour. Il s'est forgé une carapace sur laquelle Don n'a plus trouvé la moindre faille pour le dégommer.
Dans ce jeu de massacre qu'il avait lui-même instauré, le Grand Santini qui ne respectait que la force a, j'en suis persuadée, fini par nourrir de la fierté pour ce fils qu'il n'était pas parvenu à démolir et dans lequel il se retrouvait.

J'aurais aimé lire ce livre il y a vingt ans. Cela m'aurait permis de connaître la seule stratégie efficace dans ce genre de situation tordue. Je n'aurais pas attendu l'impossible, ne me serais pas bercée d'illusions, n'aurais pas offert le flanc par une attitude de fillette vulnérable... J'aurais eu conscience des véritables règles du jeu et pu poursuivre la partie jusqu'à son terme au lieu de déclarer forfait en fuyant cinq ans avant la fin.
Mais mon père n'était pas le Grand Santini, pilote de chasse dans les Marines et, surtout, surtout... je ne suis pas Pat Conroy.
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