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Critique de mireille.lefustec


Titre italien "Lo spasimo di Palermo" paru en 1998.
Lu en italien à sa sortie. Relecture actuelle.

Dans un petit hôtel à Paris "La deuxième muse", où la décoration est inspirée de l'histoire du cinéma, tandis qu'il attend de rencontrer son fils, exilé pour cause de terrorisme, l'écrivain Gioacchino Martinez se souvient de son enfance en Sicile, pendant la guerre, de la tragédie enfantine, oubliée, qui a marqué sa vie, et d'un autre traumatisme, de moindre importance mais pas moins obsédant : un film que l'on passait aux jeunes garçons :" Judex ou les aventures d'un justicier en manteau noir", interrompu par les alertes, la guerre qui menaçait.
La vie de Giacchino est elle-même mutilée, blessée par la fuite d'une Sicile féroce et la désillusion de Milan, la ville refuge, qui a trahi l'espoir. Blessée également par la conscience d'avoir donné en héritage aux enfants un Pays à haïr, du désamour pour une littérature dégradée, complice de trop de fautes. Blessée par la déchirure envers une épouse très aimée qui a partagé la même lointaine tragédie, une femme qui n'a pas réussi, comme lui, à oublier pour survivre.
A Paris, il va à la cinémathèque Gaumont pour voir enfin, en entier, le film tronqué de son enfance.
A Palerme, il rencontre un autre Judex, comme la projection de celui du passé, un magistrat sans manteau, mais qui croit en l'Etat, en la loi qu'il administre, un homme qui, en allant voir sa mère, rencontrera une fin atroce.

Lo Spasimo montre impitoyablement les douleurs de l'époque présente. En ces pages, aucune absolution pour personne. le vieil écrivain est révolté, écrasé par la violence du monde : la Seconde Guerre, les "années de plomb", la puissance de la mafia sicilienne.
Vincenzo Consolo a écrit un texte sombre et envoûtant. Il conte "le chaos d'un monde et d'une époque, les débris de mémoire qui font un homme, sa défaite lorsqu'il renonce à la révolte, l'impossible retour vers l'ordre rêvé de l'enfance." (Pierre Sorgue)

L'écriture est d'une très grande qualité. Consolo était considéré comme le meilleur écrivain de son temps.
Ma deuxième lecture renforce ce que j'avais ressenti.
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