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Critique de Fleitour



Paule Constant revenant sur le drame d'Ebola, écrit un récit qui tente d'exprimer les causes de ce drame venu d'un village africain du Congo, qualifié par certains d'un tsunami sanitaire, une épidémie vertigineuse appelée fièvre hémorragique avant de s'appeler Ebola pour la presse du monde entier.

On frémit quand Paule Constant rend compte des conditions dans lesquelles les vaccins arrivent à l'ONG d'Agrippine, blocage à la douane, restitution tardive des vaccins sans respect de la chaîne du froid , acheminement via le fleuve Ebola, sur des embarcations fragiles, pour qu'enfin les doses arrivent à destination. Agrippine découvre alors qu'il n'existe pas tout le matériel stérilisé nécessaire, pas de seringues.

Seul le découragement fait échos à ses efforts.

« Les chants désespérés sont les chants les plus beaux », le livre est ce chant, qui commence dans les bras d'Olympe, petite fille congolaise ( de Boende ) interdite de chasse, elle suivra un autre sentier et trouvera une chauve-souris et la bercera, comme une revanche, et nous franchissons dans l'insouciance la dixième page.

Puis les enfants apporteront le grand singe de la montagne des nuages, Îlot encore préservé entre les champs d'hévéas. Puis les premiers morts inexpliqués surgiront, de la nuit dans ce village où l'on ne parle que le boutoul, qu'aucune lampe ne vient éclairer la nuit, ni aucune parole contester la parole du chef, pour lequel une malédiction est à l'oeuvre.

Olympe est une fille, dans ce village qui manque de garçons, et cet animal , une chauve-souris la voilà la malédiction. Battue et rejetée elle sera recueillie par Agrippine, Olympe tombera malade.

Les primatologues en mission, singeront une mauvaise caricature de ce qu'il ne faut pas faire, une mascarade face à des hommes démunis, ils ne feront pas ce qui aurait pu limiter l'extension de la maladie, ils feront ce qu'il fallait faire pour démultiplier l'épidémie, donner à boire sans penser hygiène et se contaminer par suffisance et incompétence.


Faut-il laisser des docteurs Désir enfumer des hommes, et les pousser à s'offrir des séances de désenvoûtement, devant une peau de grand singe contaminée, si grande quelle suscite admiration, et pour le bon docteur Désir de quoi gagner beaucoup, bien plus qu'en vendant des objets de pacotille.

Paule Constant aura su aller au bout de son indignation. Demain ce continent exigera d'autres moyens que ceux de lambaréné, il faudra d'autres réflexes, d'autre Docteurs Virgile et de nouvelles Agrippine, il faudra combattre les croyances ancestrales et enseigner la médecine d'aujourd'hui, un sacré gap encore à franchir.

Le travail d'investigation est remarquable, j'y retrouve l'ambiance de mon passage éclair dans un dispensaire du Nigeria. le déroulement final de cette terrible épidémie est parfois un peu confus. le style ne m'a pas toujours convaincu, avec des lourdeurs inutiles, en effet la première partie est superbe, plus forte et beaucoup plus émouvante, que la dernière partie.

Sur un plan médical et pour notre compréhension de l'ampleur de cette catastrophe sanitaire le mieux est de faire un tour chez Wikipédia
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