Les gens qui ne voyagent pas racontent et inventent pour explorer un univers qu’ils ne connaissent pas. Ils lui donnent un commencement, une fin et entre les deux tissent, chacun à sa façon, la toile du conte collectif.
L'ingratitude est une langue commune à tous les hommes.
La tante n'avait pas tort, tout cauchemar comporte sa part de vérité, tout fantasme repose sur une réalité, tout conte dit un secret qui nous concerne, toute argumentation folle déploie sa logique imparable …
Quand Virgile était entré à Normale sup, sa mère, pour contrebalancer la réaction mesurée de sa famille, était allée clamer le grand événement chez les commerçants qui la fournissaient, ne soulevant pas, là non plus, l'enthousiasme qu'elle ressentait ni l'admiration qu'elle attendait. De l'acronyme ENS, ils ne retenaient que le premier mot et malheureusement ce mot était école. Virgile était donc encore à l'école, eux qui croyaient qu'il avait le bac... et à Violaine de s'expliquer longuement, bloquant la file chez le boucher ou le poissonnier. La boulangère avait été plus expéditive, la balayant du regard et levant le menton pour passer au client suivant : C'est à qui ?
Les gens qui ne voyagent pas racontent et inventent pour explorer un univers qu'ils ne connaissent pas .Ils lui donnent un commencement,une fin et entre les deux tissent ,chacun à sa façon,la toile du contre collectif.
Si j'ouvrais un cabinet, je consulterais en souffrances refoulées, celles que nous logeons dans le secret de nos corps pour nous rappeler une angoisse négligée, une colère oubliée. Il n'y a pas que les saints pour porter des stigmates, nos chagrins creusent dans nos chairs de profondes blessures et nos plaintes retenues s'échappent en cris sauvages. Tout se paie, personne n'échappe à sa souffrance, ne serait-ce que celle d'un instant...
Elle enviait les médecins pakistanais qui examinaient leurs patientes derrière un paravent qui ne dévoilait que l'endroit atteint et qui de maladie recomposaient morceau le puzzle d'un corps .et plus les médecins chinoi qui mettaient entre leur malade et eux une délicate figurine d'ivoire sur laquelle le patient indiquait du doigt le siège de sa douleur.
Le malade était convoyé dans des pirogues aux noms crépusculaires,
Volonté de Dieu,
Dieu est grand,
Dieu sauve l'Afrique.
Ceux qui le voyait partir couché n'avaient pas grand espoir de le voir revenir debout.
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Les gens qui ne voyagent pas racontent et inventent pour explorer un univers qu'ils ne connaissent pas. Ils lui donnent un commencement, une fin et entre les deux tissent, chacun à sa façon, la toile du conte collectif.
Il avait quitté la
« s'en fout la mort »,
la vie était pour Thomas une succession de scènes magiques.
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