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Critique de Bigmammy


Après plusieurs digressions littéraires et historiques, Jean Contrucci nous livre le récit d'une nouvelle affaire policière, résolue avec talent par le reporter judiciaire du Petit Provençal Raoul Signoret en collaboration avec son oncle, patron de l'Evêché, Eugène Baruteau. Cette fois, ils sont aux prises avec le gang des Blouses grises, un accoutrement emprunté aux conducteurs de bestiaux des abattoirs et composé d'une ample blouse en toile épaisse, descendant jusqu'aux pieds et d'un passe-montagne avec visière ne laissant voir que les yeux ... Un excellent camouflage pour commettre un hold-up spectaculaire : l'attaque du wagon financier du train de marchandise 4717 dans la nuit du 18 février 1910, arrêté en pleine voie peu avant la gare Saint-Charles. Et dans ce train, le commando a dérobé en moins de dix minutes 120 lingots d'or et des tas de bijoux ...

Le hasard - ou le flair et surtout l'adresse sportive de Raoul Signoret - vont être mis à contribution pour résoudre l'énigme et pister les malfrats. On retrouve donc les composantes habituelles de la série : la famille sympathique du reporter, ses collègues du journal, la voix de stentor de son oncle torturé à la perspective prochaine d'avoir à prendre sa retraite ...

Mais aussi le rappel du tissu industriel de la cité phocéenne, de sa capacité immémoriale à se débarrasser de ses déchets dans la campagne alentour, la beauté saisissante de ses calanques ... Ses côtés peu reluisants également : le mépris à l'encontre des immigrés italiens qualifiés de Bàbis (traduction non précisée par l'auteur, mais moi je la connais : crapauds) comme disait ma grand-mère paternelle qui refusé d'assister en 1932 au mariage de son fils aîné au motif qu'il épousait une fille de Piémontais, le port de tous les trafics et la ville où la criminalité règne.

Toujours fondés sur une recherche précise des événements et personnalités du moment, les livres de Jean Contrucci nous plongent dans l'actualité quotidienne de cet hiver épouvantable de 1910 avec sa météo exécrable - ces pluies interminables qui ont inondé Paris pendant plusieurs semaines, les navires engloutis dans les tempêtes ... Pas de traces ADN ni de géolocalisation des téléphones en ce temps-là mais cependant déjà le fichage des empreintes digitales qui permet de confondre les coupables, même munis de passeports superbement falsifiés.

Une intrigue à rebondissements et, comme toujours, l'intervention tout en finesse de Cécile, l'épouse de Raoul, et le patois délicieux qui a bercé ma jeunesse. Un bémol toutefois : l'expression "au pégal" n'a jamais été l'équivalent marseillais de "en galère" mais signifie "au diable vauvert", donc très loin.
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