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Critique de boudicca


Contrairement à la fois précédente, je me suis montrée raisonnable en ne laissant pas plusieurs années passer entre ma lecture de la première partie de « L'eau dort » et la seconde, qui constituent respectivement les dixième et onzième des versions poche des « Annales de la Compagnie noire ». [Je précise qu'à ce stade de la série, des SPOILERS sont malheureusement inévitables (même si je vais m'efforcer d'en révéler le moins possible) aussi j'encourage vivement les lecteurs qui n'auraient pas encore atteint ce onzième tome à passer directement au paragraphe suivant]. On retrouve les personnages exactement là où on les avait quitté : ce qui reste de la Compagnie tente par tous les moyens de déstabiliser le pouvoir de la Protectrice Volesprit sur la ville de Taglios tout en fomentant un plan pour récupérer les captifs emprisonnés par le sortilège lancé dans « Elle est les ténèbres ». Les têtes pensantes assurant la direction de la Compagnie ne sont en effet plus les mêmes, le Capitaine, Madame et Murgen ayant été mis hors-jeu. Nous ne sommes pas pour autant en terre inconnue, puisqu'on retrouve malgré tout Roupille, qui a repris à son compte la fonction d'annaliste, mais aussi les sorciers Gobelin et Qu'un-Oeil ou encore la belle-famille du porte-étendard Murgen. Après plusieurs échauffourées savamment orchestrées et qui ont permis à la Compagnie de faire savoir à ses nombreux ennemis qu'il allait encore falloir compter avec elle, la décision du départ tant attendu est enfin prise. Enfin, parce qu'on devine bien que, pour que l'histoire suive son cours, il faut que les mercenaires parviennent à leur fin, si bien que le suspens est assez limité. L'impression que « L'eau dort » est avant tout d'un tome de transition ne fait ainsi que se renforcer, et ce d'autant plus que l'auteur a tendance à faire traîner toujours un peu plus les choses. On passe ainsi une bonne partie de la lecture à trépigner et à s'exaspérer de la lenteur de la troupe et des chemins détournés qu'elle prend pour atteindre sa destination finale, à savoir la même que celle du précédent volume : la plaine scintillante, passage obligé vers le légendaire berceau qui aurait vu naître la Compagnie originelle.

On passe donc une bonne partie du récit à patienter… et puis c'est l'affolement général. Un peu comme si Glen Cook s'était aperçu que l'histoire approchait de son terme et qu'il était peut-être temps de donner quelques réponses aux lecteurs. Des révélations qui, bien qu'accueillies avec soulagement tant elles s'étaient faites attendre, n'en demeurent pas moins maladroitement amenées car lâchées en rafale au détour d'un dialogue en apparence anodin, ce qui l'auteur justifie simplement par une pirouette du style : « le personnage a réfléchi un peu et a finalement réussi à assembler toutes les pièces du puzzle ». C'est à la fois un peu léger et trop tardif. En ce qui concerne la narration, on retrouve Roupille qui, bien que moins agaçante que Murgen car moins nombriliste et plus proche des autres membres de la Compagnie, n'en prend pas moins de mauvaises habitudes dans cette deuxième partie. J'ai personnellement été très ennuyée par les références de plus en plus fréquentes et de moins en moins subtiles à sa religion, la narratrice multipliant les adresses à son Dieu, lui demandant de lui pardonner ou réaffirmant encore et encore sa suprématie sur les croyances locales. On pourrait croire, à l'énoncé de ces nombreux reproches, que la lecture fut peu plaisante, or c'est loin d'être le cas. L'univers de Glen Cook demeure toujours aussi captivant, même s'il faut reconnaître que l'exotisme des premiers volumes a forcément un peu passé. Les membres qui composent cette dangereuse Compagnie sont, eux, toujours aussi bien campés, et assister à la disparition de certains est d'ailleurs un vrai crève-coeur tandis que l'absence forcée d'une poignée d'autres se fait cruellement ressentir (Toubib et Madame en tête). Enfin, la réflexion engagée par l'auteur à propos des sources historiques, de la préservation des écrits et de leur transformation au fil du temps est toujours aussi intéressante et habilement menée. La fin, elle, m'a laissée un peu dubitative concernant le dernier tome et son contenu, et je suis curieuse de savoir si l'auteur nous a prévu un bouquet final à la hauteur de ce que cette bonne série nous a offert jusqu'ici.

Après avoir totalement rebattu les cartes dans « Elle est les ténèbres », Glen Cook enchaîne ici avec un tome très clairement transitoire. L'intrigue générale avance très lentement, et ce n'est qu'à la toute fin que l'auteur se décide à lâcher des bribes de réponses qui éclairent enfin une partie de l'histoire de la Compagnie. Reste à savoir quelle sera la conclusion de cette série qui, malgré quelques reproches, occupe une place de choix parmi les classiques de la dark fantasy.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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