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Critique de sandrine57


Au soir de sa vie, Jack Branch se souvient de l'année 1954, lorsqu'il était un jeune enseignant d'une vingtaine d'années au lycée de Lakeland, sa ville natale. Issu d'une riche famille dont le seul nom ouvre toutes les portes, il avait pourtant, comme son père avant lui, choisi l'enseignement. Et, cette année-là, il donnait un cours de rattrapage avec pour thème le Mal sous toutes ses formes. Dans sa classe, il avait été intrigué par Eddie Miller, un élève effacé et solitaire. le garçon, mis à l'écart par ses camarades, portait le poids de la culpabilité de son père, le "tueur de l'étudiante", mort en prison quinze ans auparavant. Jack, n'écoutant que son coeur romantique, décidait de prendre Eddie sous son aile et de l'inciter à enquêter sur son père afin de s'en délivrer. Mais il était loin de se douter qu'un simple devoir d'étudiant allait bouleverser l'équilibre de sa petite ville du Sud et aboutir à un terrible drame...

Les leçons du mal n'est pas un polar au sens classique du terme, c'est plutôt un roman noir -très réussi d'ailleurs. Ce qui fait sa force, ce sont les aller-retour entre le présent et le passé dans le récit du narrateur et surtout la sensation, puis la certitude, du drame à venir. La tension latente tout au long du roman met les nerfs à vif, expose à toutes les hypothèses et donne surtout envie de tourner les pages pour enfin, comme une délivrance, savoir ce qui s'est réellement passé.
Mais outre cette intrigue très prenante, Thomas H. COOK nous raconte aussi l'histoire d'une petite ville du Sud des Etas-unis figée dans le temps. En 1954, l'esclavage est bien sûr aboli mais les mentalités n'ont pas changé. Les noirs vivent en marge de la ville et les riches propriétaires entretiennent leurs domaines et leurs gloires passées dans le quartier préservé des "Plantations". Entre les deux, survivent ceux des "Ponts" avec leurs lots de chômage, d'alcoolisme, de violence et d'avenirs bouchés. C'est dans ce contexte de clivages sociaux et raciaux exacerbés que Jack Branch décide de changer la vie d'Eddie Miller en lui ouvrant de nouvelles perspectives. Déboussolé par un père proche de lui intellectuellement mais si distant physiquement, inexpérimenté dans son rôle d'enseignant, un peu maladroit et souvent pédant, le jeune Jack se laisse prendre au jeu de Pygmalion jusqu'au moment où il ne pourra plus maîtriser ni les faits ni ses sentiments et on le retrouvera longtemps après, vieux, fatigué, retiré du monde et marqué à vie par le drame de 1954.
J'ai beaucoup aimé ce récit. J'ai trouvé les personnages et leur psychologie finement travaillés et malgré le drame latent je me suis laissée bercer par l'atmosphère du Sud profond. J'ai quitté Lakeland le coeur d'autant plus serré que la fin, magistrale, réserve une surprise de taille qui laisse un goût amer...
Une belle découverte pour ce premier titre du jury Seuil Policiers. Merci à l'éditeur et à Babelio.
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