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Critique de Luniver


Si vous avez eu la chance d'être au chômage, vous êtes probablement passé un jour ou l'autre devant une personne qui devait juger la qualité de votre recherche d'emploi. Devant son regard suspicieux, vous avez dû expliquer que vous n'étiez ni un parasite profitant sans vergogne des aides sociales, ni un mégalomane avec des prétentions salariales et/ou d'environnement de travail largement supérieures à ce que vous valez (c'est-à-dire pas grand-chose, puisque, rappelons-le, vous êtes au chômage). Comment expliquer cette suspicion généralisée alors que vous vous trouvez dans une situation qui est généralement loin d'être agréable pour vous ?

Laurent Cordonnier reprend dans ce court essai, et avec beaucoup d'ironie, les fondements théoriques néolibéraux du marché du travail, dogme le plus répandu aujourd'hui, dans lequel les patrons et les travailleurs se rencontrent librement pour fixer le prix du travail d'un commun accord, ce qui aboutit naturellement au plein emploi.

Le plein emploi n'existant vraisemblablement pas aujourd'hui, un des deux camps vient forcément fausser le jeu. Les patrons sont hors de cause, car tricher nuirait à l'image de leur entreprise, et plus personne ne voudrait y travailler. le problème vient donc des travailleurs : de grands économistes se sont donc penché sur la question, et ont découvert qu'ils étaient tricheurs, fainéants, menteurs ou méchants. La liste n'est pas exhaustive.

Ce qui frappe avec ces théories, c'est le décalage ahurissant entre ce qu'elles proclament et les faits : on reproche aux travailleurs de changer d'employeur comme de chemise, ce qui obligent ces derniers à les surpayer pour les conserver ; assez savoureux quand on n'en finit plus de voir des gens se battre pour conserver leur entreprise que les dirigeants veulent délocaliser aux quatre coins du monde. On leur reproche également de tricher à la moindre occasion, alors que la fraude sociale est anecdotique comparée à la fraude sociale. Ceux qui se trouvent du côté des travailleurs seront agréablement surpris du pouvoir qu'ils ont et de la terreur qu'ils inspirent à leur patron, qui ne sait plus quoi faire pour les conserver.

L'usage constant de l'ironie dans les propos de l'essai empêche cependant de creuser le sujet. On n'aura donc ni chiffres, ni théories alternatives à étudier. Un livre « coup de pied dans la fourmilière », mais qui ne se suffit pas à lui-même.
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