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EAN : 9782912107114
124 pages
Raisons d'agir (21/10/2000)
3.77/5   20 notes
Résumé :
Le mal du siècle économique, c'est le chômage. Voilà une opinion partagée par le plus grand nombre. D'une certaine façon, des générations d'économistes nous ont appris à penser comme ça. Mais, sous les cieux propices de l'embellie économique des pays industriels, l'équation s'inverse. On voudrait nous faire croire que "le chômage est le produit de la paresse des travailleurs". Allons même plu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Si vous avez eu la chance d'être au chômage, vous êtes probablement passé un jour ou l'autre devant une personne qui devait juger la qualité de votre recherche d'emploi. Devant son regard suspicieux, vous avez dû expliquer que vous n'étiez ni un parasite profitant sans vergogne des aides sociales, ni un mégalomane avec des prétentions salariales et/ou d'environnement de travail largement supérieures à ce que vous valez (c'est-à-dire pas grand-chose, puisque, rappelons-le, vous êtes au chômage). Comment expliquer cette suspicion généralisée alors que vous vous trouvez dans une situation qui est généralement loin d'être agréable pour vous ?

Laurent Cordonnier reprend dans ce court essai, et avec beaucoup d'ironie, les fondements théoriques néolibéraux du marché du travail, dogme le plus répandu aujourd'hui, dans lequel les patrons et les travailleurs se rencontrent librement pour fixer le prix du travail d'un commun accord, ce qui aboutit naturellement au plein emploi.

Le plein emploi n'existant vraisemblablement pas aujourd'hui, un des deux camps vient forcément fausser le jeu. Les patrons sont hors de cause, car tricher nuirait à l'image de leur entreprise, et plus personne ne voudrait y travailler. le problème vient donc des travailleurs : de grands économistes se sont donc penché sur la question, et ont découvert qu'ils étaient tricheurs, fainéants, menteurs ou méchants. La liste n'est pas exhaustive.

Ce qui frappe avec ces théories, c'est le décalage ahurissant entre ce qu'elles proclament et les faits : on reproche aux travailleurs de changer d'employeur comme de chemise, ce qui obligent ces derniers à les surpayer pour les conserver ; assez savoureux quand on n'en finit plus de voir des gens se battre pour conserver leur entreprise que les dirigeants veulent délocaliser aux quatre coins du monde. On leur reproche également de tricher à la moindre occasion, alors que la fraude sociale est anecdotique comparée à la fraude sociale. Ceux qui se trouvent du côté des travailleurs seront agréablement surpris du pouvoir qu'ils ont et de la terreur qu'ils inspirent à leur patron, qui ne sait plus quoi faire pour les conserver.

L'usage constant de l'ironie dans les propos de l'essai empêche cependant de creuser le sujet. On n'aura donc ni chiffres, ni théories alternatives à étudier. Un livre « coup de pied dans la fourmilière », mais qui ne se suffit pas à lui-même.
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Ce petit livre est sous-titré « Sur les théories économiques du chômage ». Lesdites théories sont en fait celles qui ont cours depuis 30 à 40 ans et qui découlent de la théorie économique néo-classique. Il vous suffit de lire les journaux (si vous en avez le courage) ou tout simplement d'écouter le journal télévisé (si vous n'avez rien de mieux à faire) pour vous apercevoir que ce sont celles qui inspirent le discours dominant sur le chômage actuellement.
Alors qu'en est-il d'après cette théorie ? Pour aller vite : le marché du travail est un marché comme les autres ; s'y échangent des quantités de travail (entre offreurs et demandeurs de travail, les salariés et les patrons), ce qui détermine un prix d'équilibre (le salaire) ; à ce prix d'équilibre, le plein emploi est assuré…normalement.
Or, que constate-t-on ? Il y a du chômage. Serait-ce dû à une déficience du marché ? En tout cas pas du marché en lui-même, qu' « on ne saurait blâmer ». Non, le problème (c'est toujours la théorie néo-classique qui parle), c'est qu'on ne le laisse pas fonctionner librement, qu'il est entravé par toute une série de dispositifs sensés protéger le salarié mais qui au final le desservent : le SMIC , les dispositifs d'assurance et d'assistance, les réglementations du travail, les syndicats… de plus, l'attitude même des travailleurs sur le marché du travail est cause de leurs malheurs.
Maniant parfaitement l'ironie, l'auteur nous montre le génie de cette théorie : « renverser l'ordre des choses ». Ce qui était conséquence du chômage devient sa cause : ce que l'on croyait destiné à préserver le travailleur des affres résultant des aléas économiques et des temps de disette devient ainsi, grâce à la perspicacité de l'homme de science, le responsable même des malheurs qui s'abattent sur les miséreux, nous dit-il.
Une autre question apparaît également à la lecture de cet essai : l'économie est un outil de domination intellectuelle d'autant plus redoutable qu'elle emprunte un raisonnement logique et un langage mathématique qui la font furieusement ressembler à une science exacte. Seulement, tout peut être exact, sans que rien ne soit vrai. « Drapée ainsi dans les apparences du discours scientifique », il ne reste plus qu'à l'utiliser à des fins politiques et idéologiques. Ceci amène d'ailleurs une autre question : au final, à qui cela profite-t-il ?
D'un abord pas toujours évident, surtout pour qui, comme moi, n'est pas très à l'aise avec l'économie, ce court essai mérite qu'on s'accroche. Publié en 2000, il est plus que jamais d'actualité. A noter au passage la qualité de la maison d'édition : Raisons d'agir.

Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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En une centaine de pages, on ne peut pas espérer aller en profondeur, et Laurent Cordonnier n'a même pas à le faire. Il montre que quelques principes (et souvent assez anciens et infondés) servent à alimenter le débat économico-politique des dernières dizaines d'années.

Haro sur les assistés, sus aux fainéants... ses chapitres ont des titres qui font réagir. C'est voulu. Cordonnier utilise les poncifs pour mieux s'en détourner. Mais finalement, ces discours sont à la fois ceux du café du commerce et des cénacles des décideurs... C'est là qu'est tout le drame.

C'est une ironie salutaire qui guide ce petit manuel. Si rien de cela ne pouvait être vrai... quel monde merveilleux ce serait. Hélas, tout est vrai.
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Comme l'indique le sous-titre, l'auteur expose les théories économiques qui expliquent l'existence du chômage. Ce que j'ai apprécié dans cet ouvrage court d'une centaine de pages, c'est que j'ai pu le lire rapidement et qu'il n'y a pas besoin d'avoir de connaissances particulières en économie pour comprendre les théories qui sont présentées. D'ailleurs Laurent Cordonnier utilise de nombreux exemples concrets et clairs pour illustrer ces théories du chômage.

Ce que j'ai également apprécié et retenu de cette lecture, c'est le ton sarcastique de l'auteur qui est présent du début à la fin de l'ouvrage et qui permet de mettre en exergue toute l'absurdité de ces théories économiques, comme par exemple la fainéantise des salariés comme explication du chômage.
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Une lecture décapante et salutaire des "théories" économiques du travail. Un travail de déconstruction, de démythification et d'analyse bien utile en ces temps troublés. le livre date de quelques années mais reste tout à fait d'actualité.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Qu'est-ce que ce prix d'équilibre vers lequel tend « spontanément » le marché [du travail] ? C'est ni plus ni moins le prix qui assure le plein-emploi ! Si on laisse faire le marché, c'est-à-dire si on laisse les individus libres de contracter au prix qu'ils veulent, et libres de se mettre en concurrence, le plein-emploi s'établira spontanément.

On remarquera que ce plein-emploi a un sens très précis. Cela ne signifie pas que tous les salariés travaillent. Cela signifie que tous les salariés QUI VEULENT TRAVAILLER À CE PRIX travaillent. Autrement dit, ceux qui ne veulent pas travailler à ce prix, ne sont pas considérés comme des chômeurs. Et c'est bien normal, car à ce prix ils préfèrent les loisirs. Ils estiment que le prix du travail ne vaut pas l'heure de loisir supplémentaire qu'ils auraient pu consentir à céder si on leur proposait plus. Ainsi, leurs heures de travail inemployées sont du loisir librement choisi, et non du chômage... En toute rigueur, il ne faut donc pas appeler ces oisifs des chômeurs, à moins que l'on ne succombe au charme de cette savoureuse antinomie dont raffole le théoricien néoclassique, lequel voit là des « chômeurs volontaires ».
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La spécificité de la marchandise travail est donc de ne pouvoir se séparer de celui qui l'accomplit. Or, si l'on veut bien regarder de plus près ce qui distingue fondamentalement un travailleur d'une carotte, on aura autant de théories du chômage qu'on aura su entrevoir de traits distinctifs chez le travailleur. Nous nous limiterons ici à cinq de ces traits caractéristiques : à la différence de la carotte, le travailleur est poltron, roublard, paresseux, primesautier et méchant. Ce qui nous fait cinq théories du chômage.
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[P]our ces bons rois taraudés par leur conscience, l'oisiveté des chômeurs ne peut être rendue supportable qu'à la condition que les sans-travail réitèrent quotidiennement l'expérience de leur privation d'emploi. Il n'y a pas de travail ? Alors cherchez-en ! Comme si, pour expier sa faute, le chômeur devait en arborer le masque honteux, en accomplissant chaque jour le rite des déchus.
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