Citations sur Le Crabe, tome 2 : Larmes de Fond ou Le retour du Crabe (4)
L'ancien commissaire soupira. Ce qui le minait, c'était cette constante impression d'avoir la solution sous les yeux sans pouvoir la discerner. Comme ces photos d'insectes où l'on ne voit que du feuillage, des branches, de l'écorce. Le regard s'y promène... et soudain, le cerveau détecte l'astuce, l'animal parfaitement fondu dans le décor et dont l'image vous saute aux yeux comme une évidence.
Un temps de réflexion, tu parles ! La quarantaine, le jeûne, le cachot, le mitard... Voilà ce qu'il lui a infligé pour avoir ignoré la règle qui devra désormais être la sienne : ne jamais s'opposer à lui, ne jamais l'affronter directement mais louvoyer, flatter, négocier... Cet homme est aussi dangereux qu'un cobra. Si elle réitère son erreur, les sanctions qui tomberont finiront par venir à bout de sa résistance.
Ce sera comme la révision d'un procès avec, à la clé, la réhabilitation d'un homme. Un homme qu'on a accusé, traîné dans la boue, affublé de tares qu'il n'a jamais eues... Tout cela pour plaire aux médias et pour qu'un livre se vende ! Chacun le sait, les psychopathes et les tueurs en série sont des thèmes très porteurs.
Il se penche vers elle, sa lèvre supérieure se retrousse dans un sourire sans joie.
- C'est cela que vous visiez, n'est-ce pas Manon ?
Voilà pourquoi vous avez transformé quelqu'un d'honorable en un vulgaire crustacé !
Les yeux grands ouverts dans l'obscurité, Manon tâche de renouer le fil des événements. Un fleuve d'ombre a traversé sa vie. Sur l'une des rives, il y a Gwalarn, le somnifère avalé, le sommeil sans rêve... Sur l'autre, cette cave, son corps démoli et ce type qui s'occupe d'elle et qui lui inspire une peur panique. Entre les deux, rien. Rien qu'un laps de temps opaque et vide.