- Deux messieurs, voyons. Vous savez...
- Quoi donc ?
- Des homos, pardi.
- Des hommes au paradis ? ... Le jeune homme m'a pourtant semblé bien vivant... Je ne vous suis pas très bien, Mrs Day.
- Laissez tomber.
Bless se sentait de plus en plus comme une épouse délaissée : attendant à la maison et veillant à ce que son seigneur et maître ait du linge propre et une nourriture convenable. Il envisageait sérieusement de changer son nom en Dorothy et de s'inscrire au MLF avec Esther Daltry...
La ville et la campagne, ça ne fait jamais bon ménage. La ville est pleine de vermine et la campagne pleine de tiques.
- Deux messieurs, dites-vous, Mrs Day ? lança-t-elle d’un ton animé, voire amical. Ils sont donc deux alors ?
- C’est exact. Deux messieurs seuls.
- Le père et le fils, peut-être ? Ou bien des frères ?
- Mon Dieu, non, pas du tout. Je vous dis : deux messieurs seuls. Allons, nous savons ce que ça veut dire, n’est-ce pas ?
Mrs Jerrold était maintenant nettement intriguée.
- Deux messieurs seuls, ma chère, répéta Mrs Day avec un rien de dégo^t. Voilà ce qui arrive à notre bon vieux château. Miss Price, que Dieu ait son âme, mourrait en apprenant ça – enfin, si elle n’était pas déjà porte.
- Pardonnez-moi. Je ne vous suis absolument pas, dit Mrs Jerrold en ouvrant la boîte à pain d’épice.
- Deux messieurs, voyons. Vous savez…
- Quoi donc ?
- Des homos, pardi.
- Des hommes au paradis ? … Le jeune homme m’a pourtant semblé bien vivant… Je ne vous suis pas très bien, Mrs Day.
- Laissez tomber.
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Son addition terminée, Mrs Sugar la tendit à la femme du général pour qu'elle la vérifie.
- Si vous me donnez un billet de dix livres, ma chérie, je verserai de votre part la monnaie pour la fête de Noël.
- Euh, non. Je ne pense pas, fit Rosemary Jerrold en cherchant dans son sac la somme exacte. Au moment de vérifier les comptes, le général trouverait cela suspect.
- Suspect ?
- Oui, enfin, mars, c'est encore un peu tôt pour faire des économies en prévision de Noël...
Il n'est pire furie qu'une vieille tante dédaignée...
- Mais vous êtes deux à habiter là bas, insista Esther.
- En effet, mon... associé est absent en ce moment.
- Alors c'est bien ça. Le téléphone arabe fonctionne parfaitement filt elle en riant.
- Associé ! ricana Lawrence tandis qu'ils cherchaient une place où s'assoir. A vous entendre on croirait que Richard et vous constituez une SARL !
- Je sais. Mais ça m'intimidait de dire "amant" murmura Bless. D'ailleurs, continua-t-il en se glissant le long d'une rangée, si Rich ne rentre pas bientôt, il va bien falloir qu'on commence à baiser, vous et moi, Lawrence ! Rien que pour faire plaisir aux indigènes.