La petite ville campagnarde de Bellingford est toute en émoi ! Deux messieurs de la ville viennent d'acheter le château, la plus belle demeure de la bourgade depuis si longtemps inhabitée : deux messieurs bien habillés, bien éduqués, abondamment fortunés et, surtout, deux messieurs seuls. Rapidement, des rumeurs circulent à Bellingford. Ces messieurs, voyez-vous, ne seraient pas aussi respectables qu'ils le paraissent. Il paraitrait même qu'ils feraient partie de… si, si, savez bien… de ces gens-là ! Bien entendu, pareille supposition ne peut que soulever un torrent d'indignation au sein de la petite communauté de la ville, mais aussi énormément de curiosité et d'excitation.
Ni une ni deux, tout le voisinage se presse aux portes du château pour regarder sous le nez les nouveaux-venus. Et chacun, de la boulangère du coin au général retraité voisin des malheureux intéressés, de fouiner passionnément à la recherche de la moindre miette de perversion, du moindre soupçon de scandale à se mettre sous la dent. Ces braves gens ne seront pas déçus car la vie de Bellingford ne va pas tarder à devenir beaucoup plus amusante – non pas que les nouveaux châtelains y soient pour quelque chose d'ailleurs, trop occupés qu'ils sont à essayer désespérément de s'intégrer à la société campagnarde – avec, entre autres, l'arrivée de deux italiens extravagants et pas très hétérosexuels, d'une démente persuadée d'avoir été abusée par le démon et d'une actrice de music-hall à la poitrine et au culot débordants. Autant dire que cela va cancaner sévère dans les chaumières…
Je viens de lire en parcourant les autres critiques que
William Corlett était à l'origine un comédien et cela ne m'étonne guère ! En effet, son roman a tout du vaudeville à la Feydeau (la touche gay en plus) avec ses répliques piquantes, ses retournements de situation incessants, ses innombrables quiproquos et ses personnages excentriques, tous plus ou moins au bord de la crise de nerfs. Avec «
Deux garçons bien sous tous rapports », il trousse une comédie enlevée, culotée et, dans l'ensemble, fort amusante quoique pas aussi corrosive que l'on aurait pu l'espérer en lisant le quatrième de couverture : tout le monde s'y avère finalement assez bon enfant et le happy end se voit venir à cent kilomètres à la ronde. le style, quant à lui, est fluide et dynamique, privilégiant les dialogues énergiques aux descriptions et à l'introspection.
Dommage que tout cela reste un brin trop superficiel et léger pour être réellement marquant. En vérité, je pense que j'adhérerais plus facilement à ce type d'intrigue sous forme théâtrale ou cinévisuelle, mais j'ai tendance à chercher un peu plus de profondeur dans mes lectures ou, à défaut d'épaisseur, un humour plus cinglant. Je n'en ai pas moins apprécié ce petit détour dans la campagne anglaise reculée et conseille la balade à tous ceux qui souhaiteraient passer un petit moment de détente rigolo et sans prise de tête.