– Est-ce que je pourrais tuer quelqu’un ?
Il avait ruminé la question, soucieux d’apporter la réflexion nécessaire à un sujet auquel la réponse semblait évidente. Il avait fini par se lancer sur un raclement de gorge.
– Tout dépend des circonstances, bien sûr, mais oui, si la situation l’exigeait, sans hésiter.
- Vous êtes marié, inspecteur ?
Zakaria secoua la tête.
- Tant mieux, dit-elle en revenant s'asseoir. C'est vicieux, mais les mères arabes ruinent leurs fils. Elles les éduquent dans la croyance qu'ils sont des sortes de demi-dieux à qui tout est dû. Elles les gâtent et les cajolent et, même adultes, continuent à s'occuper d'eux comme s'ils étaient des enfants. Elles ne les préparent pas à affronter le monde d'aujourd'hui.
L'après-midi était encore jeune et il faudrait bien une heure et demie avant que les artères commencent à souffrir des embolies du soir.
Certaines conceptions de la liberté sont incompatibles avec les traditions. Il m'a fallu presque une vie pour le comprendre et l'accepter.
Il se sentait comme un pêcheur qui voit soudain le flotteur disparaître sous la surface. Il fallait ferrer le poisson, mais avec prudence, pour ne pas casser la ligne.
Une ombre attira son attention et transforma la scène. L’homme de tout à l’heure, debout au centre de la pièce, le club de golf le long du bras, ruisselait de sang sous la pluie et la boue. Il se tourna vers Caroline qui souriait toujours et avança vers elle.
Je veux pouvoir servir la justice, pas arbitrer l'éloquence des parties. Je veux être sur le terrain, pas coincé dans un bureau. Je veux chercher la vérité, pas établir les peines selon des critères aussi précis que rhétoriques.