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Critique de BazaR


Déception !

C'est le sentiment général qui ressort de ma lecture de la première tragédie de Corneille. Et pourtant, je ne suis pas aveugle au point de croire que ma façon de lire la pièce n'a pas été influencée par le taillage en pièce qu'elle subit en préface, et également par l'examen sans concession de l'auteur lui-même, écrit des années plus tard et placée en introduction (comme pour toutes les pièces de Corneille).
Bref, avant d'attaquer on vous dit « c'est franchement pas terrible ! ». Comment ne pas en tenir compte, même inconsciemment ?

Essayons quand même de retirer des éléments personnels du sentiment général. D'abord, Corneille ne place son sujet ni dans la mythologie, ni dans l'Histoire, ni même dans son monde contemporain. le royaume est purement imaginaire et c'est un point faible pour moi : quand je lis du théâtre classique ou antique, je recherche avant tout une accroche historique ou mythique.
L'histoire n'a a priori rien de désagréable. On a là un de ces fameux polygones amoureux qui mène aux excès : deux femmes (Caliste et Dorise) aiment Rosidor. Dorise est rejetée et jalouse jusqu'à vouloir tuer sa rivale. Pymante aime Dorise mais elle le rejette. Jaloux, il compte bien éliminer physiquement son rival. La pièce attaque directement par les tentatives de meurtre. A l'époque Corneille se fiche bien des normes du théâtre qui deviendra « classique » ; il montre au lieu de raconter, et on a droit à des combats sur scène dans le style shakespearien. Il ne cache pas la violence : tentative de viol de Pymante sur Dorise, celle-ci lui crève un oeil !

Et Clitandre là-dedans ? Épris de Caliste, des indices vont l'accuser à tort de la tentative d'assassinat sur Rosidor. Son rôle est très effacé et ce sont finalement les deux « méchants » Dorise et Pymante qui tirent la couverture à eux.
L'histoire se termine bien ; la tragédie ne va pas au bout du tragique. C'est une fin dont j'ai eu du mal à avaler des morceaux. Comment croire que Caliste pardonne ai aisément Dorise alors que cette dernière a clairement tenté de lui ouvrir le ventre avec un poignard ? Que Dorise ait des remords, traumatisée qu'elle doit être par la tentative de viol sur sa personne, je veux bien le croire. Mais que la justice du roi la dédouane si facilement, lui offrant même Clitandre comme mari, c'est un peu gros tout de même. Pourquoi marier Clitandre et Dorise, d'ailleurs ? Ces deux-là ne sont pas amoureux et vont devoir apprendre à s'apprécier. Cela ressemble plus à une punition vu de ma fenêtre.

Au-delà de l'histoire, je n'ai pas pris beaucoup de plaisir à lire ces vers. Corneille en fait trop pour sa première tragédie. Ses personnages surjouent à l'excès leurs malheurs et hésitations dans de trop longues tirades (parfois plusieurs pages) qui m'ont lassé.

Tout n'est donc pas génial chez Corneille. C'est déjà une info importante.
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