Matins clairs

Notre époque est aux prises avec un terrible paradoxe, celui de vouloir à tout prix préserver et allonger nos vies, tout en les passant terrés dans des bunkers émotionnels, financiers et sanitaires. Nous nous mettons à l'abri de tout, mais aussi du risque d'être heureux.

Le courage n'est pas l'absence de peur, c'est avoir peur et agir quand-même.

La dictature parfaite...aurait des apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves « auraient l’amour de leur servitude ».

Cette "loi du plus fort" a favorisé celui qui s'est autoproclamé le plus fort en premier, l'homme sur la femme, le Blanc sur le Noir, l'adulte sur l'enfant, le diplômé sur l'ouvrier, l'ingénieur sur l'artiste, l'extraverti sur le timide. L'ambitieux sur le bienveillant.

Je n'ai jamais compris l'intérêt d'apprendre les lignées des rois ou la liste des présidents de nos pays, tout en oubliant de nous pencher sur la généalogie des pulsions et des blessures qui gouvernent nos existences.

Notre époque est aux prises avec un terrible paradoxe, celui de vouloir à tout prix préserver et allonger nos vies, tout en les passant terrés dans des bunkers émotionnels, financiers et sanitaires. Nous nous mettons à l'abri de tout, mais aussi du risque d'être heureux.

Le système ne peut avoir d'emprise sur les différences, sur des millions de comportements atypiques. Il ne peut contrer ce qui est vivant, organique, multiple. Il ne peut faire face à ceux qui lui passent dessus, sur les côtés, le contournent, creusent en dessous. Il ne peut surtout pas faire face à ceux qui se détournent de lui, font sans lui, le dépassent et construisent un nouvel idéal fondé sur le sens et la collaboration. Ceux qui se mettent en route vers de nouveaux matins clairs.

Je reste persuadé que si, de nos jours, les salaires sont inversement proportionnels à l'impact sociétal de l'activité, c'est parce que l'on a tenté de compenser la douleur du manque de sens par un chèque dodu à la fin de chaque mois.

Il faut tout un village pour élever un enfant, dit un proverbe africain. Mais il faut tout un village, aussi, pour devenir adulte.

Le chemin du bonheur est une dynamique d'introspection, mais aussi d'action vers l'extérieur, vers les autres. [...] En n'écoutant plus docilement ce qui nous est imposé, nous finissons par entendre ce qui fait sens, cette voix intérieure unique et universelle à la fois, qui sait depuis toujours que nous sommes tous reliés, tous dans le même bateau qui prend l'eau.