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Critique de Stockard


Sacrée frangine que cette Violette Morris. Avant la lecture du livre de Gérard de Cortanze, je connaissais deux ou trois trucs sur elle et ça n'allait pas chercher bien loin : Violette Morris, sportive française des années 20/30 puis, la seconde guerre mondiale venue, probable saloperie collabo. Voilà, rien de plus, un peu léger même, alors quand l'occasion m'a été donnée d'en apprendre un peu plus sur la Morris, la scandaleuse, la sale gouine, la hyène de la gestapo et 1000 autres petits surnoms plus affectueux les uns que les autres, je l'ai naturellement saisie, pensant que cette biographie répondrait à la grande question : Violette Morris a-t-elle oui ou non sadiquement torturé à gogo du soldat britannique rue Lauriston ?

Malheureusement, ce livre n'apporte pas vraiment de réponse, survolant cette période fatidique et préférant se concentrer sur la carrière sportive de Morris, ses nombreuses victoires remportées et surtout, bien entendu, sur cette manière de vivre, insolente, superbe et provocante malgré les retours de bâton systématiques et toujours douloureux (se voir interdite de compétitions sportives toutes pratiques confondues pour une athlète passionnée, c'est dur. Se voir sans cesse remise à sa place pour s'être targuée de pouvoir égaler les hommes, c'est encore pire) Mais ces sacrifices ne furent pas vains et ont clairement permis d'offrir une meilleure visibilité et donc une acceptation plus large de l'opinion publique concernant les femmes dans le sport (même si tristement presque un siècle plus tard, des Denis Balbir, comme la mauvaise herbe, s'accrochent encore et toujours).
Et elle les accumule Violette, les précédents. Outre toutes ses premières sportives, elle fut tour à tour ambulancière lors de la première guerre mondiale, puis motocycliste, puis amante de Joséphine Baker et d'Yvonne de Bray, puis chanteuse de music-hall, puis amie de Marais et de Cocteau... Un CV plus que respectable.
Alors, avec un tel parcours et une telle pugnacité à tenir tête à quiconque aurait souhaité la priver de sa liberté, on n'a du mal à imaginer que sous l'occupation allemande, elle n'ai pas naturellement choisi de rejoindre le maquis.
Pour Gérard de Cortanze, pas de doute, ses accointances avec la wehrmacht n'ont été qu'une suite de concours de circonstances malheureuses et de pièges tendus pas l'Allemagne : invitée d'honneur aux J.O de Berlin puisque dépossédée de ses titres et privée de tous les sports en France, responsable du fameux garage de la luftwaffe boulevard Pershing puisque, une fois encore, interdite de sa passion pour les courses automobiles, c'est ainsi sa seule façon de côtoyer encore les petits bolides qu'elle affectionne tant...
Pour l'auteur, on ne peut donc pas parler de collaboration délibérée et peut-être, oui peut-être est-il dans le vrai, peut-être que cette scandaleuse trop en avance sur son temps a été, comme elle le fut sans cesse de son vivant, accusée et salie un peu vite, sorte de vengeance à rebours pour s'être crue autorisée à rivaliser avec les hommes.
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