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Critique de sylviedoc


Dans la chapelle,non pas de Harlem, mais de Virginie-Occidentale, Derek est blanc, Isiah est noir, ils se sont dit oui, pleins d'espoir, ils sont venus se marier.
" Alleluia, alleluia, l'amour
Alleluia et qu'ils s'aiment toujours
Car l'amour n'a pas de couleur
Et jamais de frontière dans les coeurs"
Patrick, je suis sûre que tu t'en souviens !
Et ici, comme dans cette vieille chanson de Jeane Manson, les parents ne sont pas venus, parce qu'ils n'ont pas accepté l'homosexualité de leurs fils respectifs. Mais aujourd'hui, ces parents sont réunis pour une autre cérémonie, bien plus triste celle-là : leurs deux garçons ont été assassinés, criblés de balles à la sortie d'un bar et achevés d'une dernière en pleine tête, laissant une orpheline de trois ans. Et ça, on ne peut pas laisser passer, pour Ike et Buddy Lee l'heure de la vengeance a sonné.

Ces deux quinquagénaires ont chacun un lourd passé, ils auraient d'ailleurs pu se croiser au cours d'un de leurs séjours en prison respectifs. Mais Ike Randolph, le père d'Isiah, a réussi à reprendre sa vie en main et est désormais à la tête d'une entreprise de jardinage qui lui assure un train de vie confortable avec sa femme Mya. Pour Buddy Lee Jenkins, le père de Derek, les choses sont un peu plus compliquées, même s'il est blanc dans une société où c'est considéré comme la "bonne" couleur. Il vivote dans sa caravane, séparé de sa femme qui a trouvé un parti plus intéressant et abuse plus qu'un peu de la dive bouteille. C'est cependant lui qui va venir trouver Ike pour lui proposer une association afin de trouver, et surtout châtier, les meurtriers de leurs fils.

S'en suivra une équipée jalonnée de cadavres, avec des scènes dignes d'un Tarantino, ça dégouline, ça mitraille dans tous les coins. D'ailleurs une adaptation en film serait tout à fait envisageable, le roman est très visuel.
Et au milieu de cette expédition punitive, se nichent des scènes curieusement émouvantes quand ces pères qui du vivant de leur fils ont tout fait pour les renier se rendent compte, trop tard, qu'être homosexuel ne rend pas moins digne d'amour. Au début, ce mea culpa de circonstance m'a un peu énervée, j'avoue, je craignais qu'il ne soit qu'un prétexte. Mais l'auteur a su rendre crédible cette prise de conscience de ces deux papas qui au contact l'un de l'autre vont échanger et réaliser que, Noir ou Blanc, leurs à-priori et leurs idées rétrogrades sont bien les mêmes et qu'ils ont gâché bêtement toute chance de réconciliation avec ces fils dont ils avaient toutes les raisons d'être fiers.

L'écriture est belle, même quand les scènes sont violentes ou triviales. On est emporté par des flux d'émotions, parfois colère (souvent même, le titre est très parlant à cet égard !), parfois tendresse , les larmes affleurent même à certains moments. On se prend à rêver d'un monde plus tolérant, ou même les gros durs pourraient se montrer pleins d'attention pour leur femme, où la couleur et l'orientation sexuelle finiraient par devenir une caractéristique aussi banale que la forme du visage ou la pointure. Mais il reste bien du chemin à faire, particulièrement dans le genre de contrée où S.A. Cosby a choisi de situer son histoire...

Je ne suis pas passée loin du coup de coeur, et je vous recommande vivement cette Colère, sauf si vous êtes allergiques aux scènes de violence, elles sont quand même assez nombreuses (c'est d'ailleurs mon bémol, il y en a un chouïa trop à mon goût). C'est du vrai roman noir, sans jeu de mot nul !
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