- Il n'existe pas d'antidépresseur contre les remords, Mike. On peut se repentir, se confesser si on y croit, expier si on y parvient.
- J'essaie de puis des années, mais cela ne suffit pas.
- Mike, même la vérité ne referme pas certaines blessures. Pas sur cette terre.
Ce qui a été à été. Seul le futur compte.
Son psychiatre lui avait conseillé d'en finir avec Cohen, Lennon et De André. Il s'allongea sur le canapé de cuir en piteux état, à l'image de son statut et de son humeur, et s'assoupit. Il rêva qu'il allumait une cigarette.
Alors que cherchais-je? A éviter le remords éternel en trouvant le mal? Et qui était le mal?
Cela ne changeait pas grand-chose, dans tous les cas le destin n'était pas d'accord avec moi.
[...] faute, remords et repentir. Le sang blanc de l'âme. Blessures à jamais ouvertes.
- Quand j'étais enfant, c'était le métier [de policier] que je rêvais d'exercer, expliqua le cardinal, puis le Seigneur a choisi que je serve un autre type de justice.
J'avais une idée précise sur le rapport conflictuel entre la justice terrestre et la justice divine, mais le moment ne me semblait pas bien choisi pour parler de Nietszche et des Évangiles. Cet homme à la fois puissant et affable était admirable mais il ne m'était pas sympathique. C'était un prêtre, et après des années d'éducation religieuse je savais que cette amabilité pouvait être de l'eau qui dort.
Il est difficile d’enlever quelqu’un sans qu’il hurle, sans que quiconque voie ou entende quelque chose. Or dans cette affaire personne n’a rien vu ni entendu…
Les pâtes à la carbonara étaient exquises: la joue de porc craquante, l’œuf discret à souhait, les spaghettis al dente. Le frascati frais les accompagnait à merveille.
-La sévérité de la justice est civile, Balistreri. Vous n'êtes pas civils, vous êtes pusillanimes. Votre tolérance est basée sur le besoin d'extracommunautaires, de prostituées et de gens qui ramassent les tomates dans vos champs. S'ils ne vous étaient d'aucune utilité, vous planteriez les immigrés qui dérapent sur des croix le long des routes, comme le faisaient vos ancêtres.
Pour Angelo Dioguardi, vivre avec ce sentiment de culpabilité serait très difficile. C'était un catholique qui croyait au Jugement dernier. Et moi un cynique qui ne croyais à rien.