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Critique de Bartzella


Après avoir repéré ce titre sur Babelio, il me tardait de plonger dedans.

L'univers des passeurs est sombre pour ceux qui paient des fortunes dans l'espoir d'une vie meilleure. Quitter un enfer pour un autre, parfois tomber entre des mains pires que les premières qui les tenaient sous leur joug. Un univers flou et parfois sans issue...

Dès le départ, on se doute que ce récit nous fera sentir mal, nous consternera au plus haut point.

Il faut s'attendre à du désespoir, au bouleversement engendré par l'inimaginable que subit une tranche de la population dans leur pays corrompu, puis à la colère éprouvée envers tous ceux qui tirent profit du malheur des autres, mettant des vies déjà précaires encore plus en danger sans se soucier le moins du monde de la finalité pour ces gens. Tout cela juste pour de l'argent. Ces passeurs, de plus en plus gourmands et de plus en plus paresseux, négligents, lésinant sur la sécurité, sur lesquels les migrants misent tout: leur confiance, la totalité de leurs économies, leur vie.

On ne prend pas plaisir à lire "Le passeur", on n'y trouve point de détente; la tension est palpable, tout le temps, le danger, partout. Ce que le lion fait à la brebis nous révulse. Et lorsque ce ne sont pas les autres, ce sont les conditions atmosphériques. Un monde imparfait rempli de malchanceux qui continue de sombrer...tellement de vies perdues pour avoir osé rêver de liberté. C'est un livre choc, bien structuré, qui braque son objectif sur un pan méconnu mais bien réel de la condition humaine en contexte d'immigration clandestine, sur le "avant" et le "pendant", notamment.

Ce récit est plutôt spécial parce qu'au lieu d'être relaté par une victime, cette fois-ci c'est le bourreau (Seyoum) qui parle. Tout est dans le langage, sa perception des autres, sa façon de voir les choses et le monde qui l'entoure. le texte est magnifique et poignant dans l'ensemble bien que cru lorsque Seyoum s'exprime intérieurement. le lecteur passe énormément de temps dans sa tête agitée et dans son coeur cloisonné, torturé. On ressent toute sa fureur, toute sa haine, pas seulement celle qu'il éprouve envers les autres mais envers lui-même également. Surtout, peut-être. Sa honte, aussi.

J'ai aimé lire sur son passé, aspect qui vient adoucir un peu l'histoire. Juste un tout petit peu. Sans être excusable ou pardonnable, on en vient qu'à comprendre ce qui l'a amené à devenir passeur et pourquoi il est devenu cet homme aujourd'hui. Nous éprouvons un certain soulagement de constater qu'il n'a pas toujours été cet être mauvais, qu'il réside peut-être encore une parcelle de l'enfant bon en lui...

C'est un texte universel qui m'a mise à l'envers, qui m'a choquée. Beau et laid à la fois. Entres autres parce que toutes ces situations existent vraiment.

Cru.
Horrifiant.
Court.
Percutant.

Il y avait un moment que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi puissant. Physique. Qui me nouait la gorge et les tripes. La fin a d'ailleurs été comme un coup de poing dans l'estomac.
"Le passeur" est ce genre de livre.

CHALLENGE PLUMES FÉMININES 2023
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