alors vivre sur quoi ? j'ai possédé un jour
tout le calme des morts
maintenant
je ne peux plus partir
rien ne peut plus
m'émouvoir
je regarde les objets autour
j'ouvre une enveloppe
je ne dors pas je me réveille je regarde autour de moi
c'est une passion et une mort plus terrible
vide de douceur
parfois
la douceur est trop grande
et les os se défont
je ne tombe pas
sur terre le cœur serré
j'avance sans voir
je ne réponds pas aux questions
je ne sais pas si je suis déjà morte
ou dans son cœur
lentement
chaque fois cette douceur
des mortes me revient
quelqu'un murmure à mes côtés
suffoquer prendre cette douleur…
Extrait 2
fermer avec mots inscrits sur papier : mots d’amour ― écrit-il
/ sans /
ce sont mots derniers, sur billet de banque combien
je coûte (rien je
ne
coûte rien
le corps est de dos
nous sommes dos à dos
j’avance
comme si "nous" de l'absence
pouvions nous éveiller
étions sortis
ensemble du même point
fin d'été bruit d'une porte
je m'éloigne en courant
je pose des fleurs entre les grilles
J'attends des jours entiers
A ses côtés
mais il n'en sais rien
et si je m'en sors,
je jette l'enveloppe
avec la peau
et le cœur tout usé
des mois après
je recommence les gestes
je regarde la fenêtre
je reviens sur le bord
je regarde les objets
la fenêtre brisée
parfois je repars
je ramasse des cendres
Le temps - les jours passés
en tombant on lèche le sol
On pose les doigts sur les murs
écrit sur des mots, des gestes sur des gestes
à l'intérieur
des images continuent à passer
devant les fenêtres
avec cette couleur : bleu impossible à garder
montée d'une marche dans des escaliers sans fin
mains posées sur le bord
dans une sorte de sécheresse
toujours loin
je repars
(rien ?
je me cache maintenant
sous les sangles
les doigts me couvrent les jours qui passent
je rate toujours la même marche
maintenant je suis seule à savoir où je suis
maintenant je peux me considérer comme perdue
on se souvient difficilement
il faudrait beaucoup de force
pour inventer
son cœur soudain
dans mon cœur
il reste des gouttes d'eau
le bruit
des pas
et si je me retourne
je découvre par instants
la douceur de sa nuque une mémoire
qui serait plus douce
que pétales
le corps et l'ombre presque effacée
on imagine seulement
une main qui ne nous lâche pas
il ne le sais pas
ne voit pas
ce qu'il y aurait eu de lilas le bruit de ses cheveux
et les fleurs éclairées par le mur blanc