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Critique de no


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19 septembre 2010



"Dans ma vie, c'est la mort qui a raison."
page : 51


Tous les grands écrivains parlent un jour d'amour, de mort. Mais rarement de mort de l'amour, de mort d'amour, d'amour de la mort, de mort par amour, de mort par manque d'amour...

Gil Courtemanche, je l'ai déjà dit il y a de trop nombreuses semaines ici, est parmi les écrivains québécois les plus importants, et les plus sous-estimé. Comment se fait-il qu'il n'y ait pas sur chacune de ses parutions de larges bandes rouges déclinant les nombreux prix qu'il mérite? Comment se fait-il que la grande machine de promotion ne s'en soit pas emparé pour en faire une célébrité?
Réponse toute simple : son écriture, trop exigeante, commande une lecture attentive. Non pas un survol ni une impression. Impossible de se faire une idée de ce qu'il nous offre sans d'abord se mettre à table. Ouvrir grand les yeux. Et oui, ouvrir son coeur.

Un homme, l'auteur... souffre d'un cancer. Mais souffre plutôt de la difficulté d'avoir à se battre pour sa survie. L'amour de sa vie s'est étiolé. Il ne vit qu'en sursis. Déjà, bien avant les ravages de la maladie, la mort s'était invitée dans son âme. L'homme écrit pour ceux qui suivront. Ceux qui feront l'erreur que lui a fait de ne pas entretenir son amour, de ne pas y donner les soins essentiels. D'avoir laisser les choses se diluer, pour réaliser après coup son lent suicide amoureux.
Gil Courtemanche est pour moi le plus grand intellectuel que nous ayons. Ses chroniques dans le Devoir brillent par leur pertinence. Ses romans nous racontent un peu sa vie. Voici qu'il nous raconte son agonie. Certains critiques se sont laisser prendre par une fin de roman plutôt ensoleillée. Je ne crois aucunement au bonheur calculé d'un amour concédé par raisonnement. le pis-aller ne palliera pas à l'ultime. Plus inquiétant : Je ne veux pas mourir seul a été perçu par plusieurs comme un testament. Ce que je ne nous souhaite pas. L'homme, l'écrivain vit, en pleine possession de ses moyens (d'écriture) ici, on ne peut que souhaiter qu'il ne nous glisse pas entre les doigts. Oui, il laisse avec cette autofiction (et non pas roman...) de quoi nourrir toute une vie d'autoréflexions, mais l'amour en implore plus. Oui, toujours plus. L'amour de la littérature, affamée, dépouille les écrivains de leur sucs. Mais voilà le prix à payer pour ne pas mourir seul. Pour mourir entouré de ses (é)lecteurs de coeur, pour que soient assouvit les bas instincts des amoureux de mots et de phrases.


Je ne veux pas mourir seul, Gil Courtemanche
Éditions Boréal, 2010

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Lien : http://montrealistement.blog..
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