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Citations sur Les veillées des Mayens (3)

La lune plongeait verticalement ses ternes rayons dans les profondeurs de la tour circulaire et, à cette faible lueur, le cher-cheur descendit jusqu’aux recoins les plus secrets des ruines.
— Veux-tu une prise de tabac ?… interrogea brusquement une voix rauque qui le fit bondir de stupeur.
— Eh ! pourquoi pas !… répondit l’arrivant, qui, en dépit des claquements de dents, s’efforçait de paraître courageux.
— Voici !… reprit la voix.
Et un bras se tendit vers l’aventurier, exhibant hors de la ligne d’ombre une grosse tabatière d’argent serrée dans un artichaut de longues griffes noires.
En y plongeant les doigts notre homme sentit comme un coup d’aiguillon vers la naissance du pouce, mais, voulant à tout prix paraître vaillant et rassuré, il aspira le tabac. Comme il renversait la tête, se préparant à éternuer, il se sentit tout d’un coup paralysé par la vision de deux regards piquant les ténèbres ainsi que des tisons ardents. Presque aussitôt, l’apparition, sous la forme d’un gigantesque lézard, se mit à grimper avec agilité le long des murailles pour disparaître par-dessus les créneaux sui-vie du chat noir qui, effrayé de l’éternuement, avait quitté l’épaule de son maître occupé à tordre la mousse entre ses dents afin de les empêcher de claquer.
L’homme ne songea plus guère au trésor ; après avoir tour-noyé jusqu’au matin autour des ruines, pareil à une âme tourmentée, il fut reconduit à Martigny par de braves vignerons, mais le matin suivant on le trouvait mort dans son lit.
(Les trésors de la Bâtiaz - Diables)
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Un gros bourdon passa d’un vol rapide devant ses yeux. Il
se retourna pour le regarder : l’animal disparut dans la bouche de Contard restée ouverte dès la veille au soir. Aussitôt la chambre s’emplit du bruit des ronflements de ce dernier et, cette fois, le Bagnard n’éprouva pas la moindre peine à réveiller son hôte.
— Eh bien ! observa-t-il, en voilà de la peine pour t’arracher au sommeil !
— Ma foi ! si tu t’amuses à interroger des absents…
— Comment, des absents ?… Tu n’es donc pas encore éveillé ? dit avec assurance le charge-ayant de Bruson. Mais peu importe !… mauvaise nuit!… la prochaine sera meilleure. En attendant je vais atteler et me mettre en route, cela dissipera mes idées assombries.
— Atteler ! fit Contard avec un geste singulier, y penses-tu?… Si tu es si pressé d’arriver à Bagnes tu peux partir à pied par le sentier du Plan de la Gouille : quant au mulet et surtout au char…
— Pourquoi le sentier du Plan de la Gouille ?
— Parbleu, parce que le pont de Charançon est emporté…
Tu n’es pas sans savoir que quand il fait des orages le torrent de Merdenson…
— … N’est pas bon. Mais comment peux-tu savoir que le pont est emporté, puisque tu étais dans ton lit ?
— J’étais dans mon lit et je n’y étais pas…
— Être dans son lit et ne pas y être !… D’où sors-tu ?… En effet, comme je l’ai pensé tout à l’heure, tu n’es pas encore bien réveillé… D’ailleurs, après un sommeil de plomb ! argua le Bagnard d’un ton d’indifférence.
— Allons, mon cher, je vois que tu n’y comprends rien…
— Convenons qu’il faudrait être sorcier pour y comprendre quelque chose !
— Ne parle pas de sorciers… je te le conseille ! En attendant je vais t’expliquer la chose :
… Tu n’ignores pas que le torrent ravine très souvent et
qu’il entraîne beaucoup de terre et de pierres. Qui fait cela ?…
Le Bagnard qui gardait le souvenir tout récent des cavaliers sans tête, répondit :
— Oh ! je le sais bien, des diablotins, des revenants, des
âmes en peine…
— Et des vivants ! ajouta Contard ; des vivants dont je suis un ; il y a un nombre égal de vivants et de morts occupés là-haut.
— Pourquoi ferais-tu cela, toi ?…
— Il m’est défendu de le dire, et d’ailleurs je ne le sais que bien vaguement ; mais je le suppose : quelque charge qui pèse sur ma propre âme ou sur celle d’un proche. Chaque fois que le torrent ravine, mon âme reçoit l’ordre d’y aller, elle ne peut pas s’y soustraire. Tu as dû voir passer un bourdon…
(Le Coq de Cries - Sorcellerie)
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Au prône du jour de l’Ascension, le prêtre annonça solennellement à ses fidèles que le dimanche après la Pentecôte il ferait un long et très sérieux sermon, auquel il importait que toute âme soucieuse de son salut assistât, sans aucune exception de l’âge ou des infirmités.
Le dimanche fixé, les trois nefs de l’église étaient bondées lorsque le curé mit le pied sur les degrés de la chaire. Avant de porter sa main au front pour dire : In nomine patris, il donna l’ordre de fermer toutes les portes.
Seul un homme avait cru devoir rester chez lui, un blasé, un vieux soldat de Marignan et de Cérisolles ; rentré depuis peu de France avec tout un répertoire de trucs, de ruses, et tout un vocabulaire de jurons des camps ; c’était Thémistocle Guigoz, de Montagnier, le premier importateur du tabac parmi les parcimonieuses populations de l’Entremont.
Il fumait en se promenant dans sa chambre lorsqu’il vit tout à coup au milieu du plancher, devant ses pieds, une large goutte de sang, bientôt suivie de deux autres. Il regarda au plafond : son épée, dont il avait engagé la pointe derrière la solive, s’agitait comme pour se dégager, et des gouttes de sang ruisselaient nombreuses, toutes fumantes, le long de la lame.
— Pour Dieu ! cria le vieux troupier, qu’y a-t-il ?
(La bataille du Désert - Traditions et Légendes historiques)
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