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Critique de Powoui


Car personne ne devrait passer à côté d'une si belle lecture, je me plonge à nouveau dans l'écriture autour d'un roman de Mia Couto. Seulement, comment trouver les mots justes pour rendre hommage à ce texte somptueux qu'est Tombe, tombe au fond de l'eau ?

Comme dans les deux autres romans que j'ai déjà lus de l'auteur, La pluie ébahie et L'accordeur de silences, l'histoire n'est qu'un prétexte pour développer tout autour d'autres petites histoires, fables, contes – appelez-les comme vous le voulez. Un très bon prétexte pour découvrir à nouveau des personnages hors du communs, puissants par leur banalité, étincelants dans leur regard sur l'ordinaire. Ici, deux voisins, qui racontent des souvenirs, et s'éteignent doucement, dotés d'une sagesse exemplaire.

“Le temps avance par vagues. le tout est de rester léger et une de ces ondulations nous emportera bien quelque part.” – p.8.
“Lorsque je danse, seulement là, je me libère du temps – mes souvenirs s'ébrouent et s'envolent. Ce que je devrais, c'est danser tout le temps (…).” – p.14.

Avec Mia Couto, tout paraît extraordinaire – et je pèse ce mot, je le pose sans scrupule, je l'ai cherché longtemps – extraordinaire, oui, extraordinaire : aller au delà des apparences que nous avons ordinairement sur ce qui nous entoure ; Mia Couto nous offre encore dans Tombe, tombe au fond de l'eau, un regard neuf sur le monde d'une simplicité déconcertante. Où diable trouve-t-il les mots justes ? Il va jusqu'à en télescoper pour trouver pilepoil ce petit rien qui définit un tout incroyablement précis (il faut saluer le travail de la traductrice, Elisabeth Monteiro Rodrigues) : Mia Couto fait hulurler le monde. Dans le récit se parsèment élégamment néologismes et inventions, images puissantes enflammées, douceurs de l'instant.

“Si ce n'est pas nous qui inventons le rêve, c'est lui qui nous invente.” – p. 17.
“Il est dommage que vous alliez et veniez à fatiguer vos yeux de par le monde. Vous devriez plutôt vous passer un rêve sur le visage dès le matin. C'est ce qui retient le temps et retarde la ride. Vous savez ce que vous allez faire ? Étendez-vous sur le sable, allongez-vous bien couchée, étirez votre âme en diagonale. Ensuite, restez ainsi, bien silencieuse, bien au ras du sol jusqu'à sentir la terre s'éprendre de vous. Je vous le dis, Dona : lorsque nous nous taisons pareils à une pierre, nous finissons par entendre les accents de la terre.” – p. 21

La vie est une poésie avec Mia Couto. C'est doux, ça se lit, ça se dévore une deuxième fois, et encore une troisième, inlassablement, jusqu'à la prochaine… On plonge, on ne veut plus revoir la surface. le récit est court, mais il reste éternellement noyé tout au fond de notre être.

“La vie est si simple que personne ne la comprend.” – p.8.
Lien : https://horspistes.wordpress..
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