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Critique de Isacom


Après la lecture des romans de Lobo Antunes sur la décolonisation vue du Portugal, il me semblait intéressant de lire le point de vue africain : ici, plus précisément du Mozambique.
Et quelle découverte fabuleuse !
Un homme, grandi en ville, revient sur l'île et dans la maison natale pour les obsèques de son grand-père.
Conformément à la tradition, le toit de la maison a été ôté après la mort.
Mais rien n'est ce qu'il paraît être, et de cette maison ouverte s'échappent une foule de secrets, de non-dits et de révélations.
Est-il même vraiment mort, le grand-père "dans cet état, ni ici ni là" ?
Ces lettres qu'il adresse jour après jour au petit-fils, qui les écrit ?
Dulcineusa la grand-mère, est-elle sénile, ou bien clairvoyante ?
La vieille Miserinha, est-elle aveugle ou devineresse ?
Et l'oncle Ultimio s'est-il enrichi dans la politique, ou dans les affaires douteuses ?
Peut-on un jour se détacher des souvenirs familiaux ? "Il n'existe pas de mot à Luar-do-Chão pour dire "pauvre". On dit "orphelin". C'est là la vraie misère : n'avoir pas de parents."
Et pourquoi ne pleut-il plus ? Pourquoi la terre refuse-t-elle de s'ouvrir pour l'enterrement ?
Chaque court chapitre lève un voile sur le passé de cette famille, sur la mémoire de chacun, sur les morts et sur les adultères.
L'écriture somptueuse de Mia Couto est-elle réalisme magique, est-elle poésie ?
"Comme il n'y avait déjà plus d'autre encre dans le monde
le poète a utilisé son propre sang.
Ne disposant pas de papier,
il a écrit sur son propre corps.
Ainsi,
est née la voix,
le fleuve ancré en lui-même.
Comme le sang : sans embouchure ni source."

La traduction de Maryvonne Lapouge-Pettorelli est parfaite, notamment les inventions langagières telles ces femmes "girondulantes" et ces hommes "traumartyrisés".

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