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Critique de daniel_dz


Le « Faux Soir » est un acte de la Seconde guerre. Par son côté typiquement belge, il mérite que sa mémoire soit entretenue. Une bande dessinée, réussie, me semble un format adéquat pour attirer un large lectorat. de plus, un sac-similé de ce journal de légende est annexé au livre.

Comment ai-je appris l'existence de l'épisode du « Faux Soir » ? Je ne m'en souviens plus… Peut-être était-ce en visionnant « Un soir de joie », le joyeux film que lui avait consacré Gaston Schoukens en 1955 (je n'étais pas né, mais la télévision belge le diffuse de temps en temps et il est disponible dans les collections de nos « Points Culture »).

Les faits datent de 1943. Un groupe de résistants décident de faire un pied de nez à l'occupant en publiant une version pirate satirique du journal « Le Soir », dont les allemands avaient pris le contrôle, pour en faire un outil de propagande; c'est l'époque du « Soir volé ». Les résistants se sont donc mis en quête d'une imprimerie, de papier, de rédacteurs et ont organisé l'impression et la diffusion dans les kiosques, où le « Faux Soir » devait arriver avant l'édition officielle.

Un fac-similé est joint à la bande dessinée. Je reconnais que je n'ai pas saisi toutes les allusions, ne connaissant pas les personnages politiques et militaires de l'époque. Mais j'imagine très bien combien la population aura pu se divertir en lisant ces moqueries envers les Allemands et leurs sympathisants belges.

Il s'agissait d'un bol d'air frais, il s'agissait de remonter le moral des Belges en les faisant rire. Pas de slogan mobilisateur, pas d'appel à la lutte, juste de la dérision. Une attitude dont l'esprit est typiquement belge ! Mais l'acte n'était pas complètement gratuit: j'ai appris dans cette BD que la vente de ce journal avait permis de récolter une somme rondelette distribuée à des mouvements de résistants.

Le livre explique également comment ce groupe d'espiègles résistants s'est finalement fait démasquer, malgré toutes leurs précautions. Certains l'ont payé de leur vie…

La bande dessinée ne se limite plus à des petits Mickeys pour divertir les enfants. Les romans graphiques se font leur place et peuvent aborder des thèmes graves. Néanmoins, pour beaucoup, elle garde cette image divertissante qui pourra attirer toute une population de gens qui « n'aiment pas lire ». Je ne peux donc que saluer l'initiative de perpétuer la mémoire du « Faux Soir » en lui consacrant une bande dessinée. Et bien entendu, ceux qui « aiment lire » et les grands amateurs de bandes dessinées ne seront pas déçus d'ouvrir cet album.

Les dessins sont épurés, d'une belle lisibilité. Les auteurs ont fait le choix d'entremêler le récit des faits historiques, en noir et blanc, et un récit actuel, en couleur, de journalistes qui s'y intéressent et partent découvrir les lieux où ils se sont déroulés. le livre m'a tenu en haleine, m'offrant un agréable moment de lecture; quelques pages de texte et de photographie complètent la bande dessinée.

J'ai également porté un regard amusé sur le lac-similé joint au livre, d'une part en voyant le genre de textes qui avaient fait rire les gens de l'époque, et qui semblent maintenant d'une autre époque, et d'autre part en me disant que la typographie serrée de l'époque rebuterait la plupart des lecteurs des quotidiens d'aujourd'hui !

Mon seul regret est que ce bel ouvrage n'ait pas été édité par une maison belge. Mais bon, rien n'est parfait et cela ne m'empêchera pas de vous recommander très chaudement de le lire au plus vite, que vous soyez belge ou pas ! Et si vous avez l'occasion de voir le film de Schoukens, ne vous en privez pas ! C'est aussi divertissant que « Bossemans et Coppenolle » ou « Le mariage de Mademoiselle Beulemans » !
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