La silhouette mauve se recroquevilla davantage derrière le mur, si délabré qu’il n’offrait guère de quoi se cacher. Juliana s’avança avec précaution. La silhouette mauve sembla s’en rendre compte et une paire d’yeux soupçonneux l’observa à travers un trou du mur. Juliana lui fit un signe de la main.
- Mentley, c’est toi ? Tu te souviens de moi, non ? Juliana Popjoy, et j’ai amené deux amis avec moi. Comment vas-tu ?
Juliana qui s’était débattue pour se dégager de sa ceinture de sécurité, manqua le reste des réflexions de Miss Seeton sur les propriétés des phénomènes psychiques, car elle ouvrit la porte de la voiture et posa un pied gracieux dans la cour de Filkins Farm.
L’homme se baissa pour se cacher derrière un mur et ils eurent juste le temps d’apercevoir une silhouette mauve et chevelue. Juliana poussa un petit cri de surprise tandis que Miss Seeton poursuivait : - Difficile de le décrire comme un être transparent – cette couleur est si vive ! – et autant que je sache, un certain degré de transparence a toujours été un attribut obligatoire des manifestations surnaturelles. De plus, on dirait qu’il cherche à se cacher, ce qu’un fantôme n’a pas besoin de faire, peut-on supposer, étant par nature plus accoutumé à susciter la peur dans le cœur des autres qu’à la ressentir dans le sien. Si tant qu’il en possède un… un cœur, j’entends.
- J’ai du mal à croire que le monsieur là-bas, près du mur soit un fantôme !
Ses deux compagnons s’exclamèrent et regardèrent autour d’eux.
Les suspects ne sont pas censés prendre en main le cours des procédures officielles, et celle-ci ne serait pas l’exception. Elle avait bien trop d’assurance, ça crevait les yeux, avec son calme olympien. Et ce sourire qu’elle affichait maintenant, persuadée d’avoir marqué un point…
Les exercices de yoga qu’elle s’était mise à pratiquer quelques années plus tôt, à cause de ses genoux, étaient vraiment aussi excellents que le proclamait le livre qui l’avait inspirée à l’origine : Rajeunissez de jour en jour grâce au yoga.