Citations sur Qu'est-il arrivé à Celia Steinhauser ? (25)
Le mari est souvent un des principaux suspects dans un meurtre comme celui de Celia. Dana se rappelle avoir vu cela lors des nombreuses rediffusions de la série Law & Order en fin de soirée, et d’ailleurs ce cliché n’est pas sans raison.
Il y a tant de choses plus importantes à faire, tant de choses plus intéressantes ; en ce moment, elle a tellement d’énergie qu’elle n’a plus guère le temps ni, à vrai dire, plus guère besoin de manger. D’ailleurs, Celia la hante, elle traverse les murs et l’espace — Celia qui rit dans un vide-grenier, Celia qui lui tend un verre de sangria, Celia qui gît, silencieuse, au milieu d’une mare de sang dans son vestibule.
Dana détourne les yeux. Elle a parfois l’impression que Peter peut lire dans ses pensées et a soudain peur de ce qu’il risquerait d’y voir maintenant, dans l’obscurité, tandis que l’écran où se déroule la partie de football américain muette jette des lueurs de stroboscope dans la pièce sombre et qu’un éclair illumine le ciel au-dessus de la voie rapide. Elle a peur qu’il ne voie la culpabilité grandir au fond de son regard, qu’il ne la renifle comme un chien sent la peur. Et il y a de cela aussi : la peur de son propre mari.
C’est en partie sa faute ; la faute de ses sautes d’humeur, de ses indiscrétions, de son sale état, qui ont fait que Peter n’est plus l’homme qu’il était, qu’ils ne sont plus le couple qu’ils étaient il y a longtemps, quand ils se prenaient la main dans le métro au moment où la rame arrivait à quai, quand ils montaient les marches quatre à quatre jusqu’à leur appartement et se déshabillaient en se jetant sur le lit. Dana sait que personne ne l’a jamais aimée autant que Peter. Cet amour s’est-il épuisé à un moment donné, comme de l’eau qui s’écoulerait d’un grand verre de couleur vive, faisant d’eux des quasi-étrangers, un couple usé jusqu’à l’os ?
" Tout le monde sait qu’il vaut toujours mieux regarder ses actes en face ".
Elle va craquer si elle reste une minute de plus en présence de Ronald, lequel est maintenant, c’est clair, un homme en colère, effrayant et probablement à deux doigts de l’accuser d’avoir pénétré dans sa maison le soir de la mort de Celia. Comment connaît-il ce détail ? Telle est la question. Etait-il là, accroupi près d’un canapé ou tapi sous un lit quand elle est entrée dans la maison comme une flèche sans se douter de rien ? Dana frissonne à cette idée.
Jack voit immédiatement que ce témoin n’aime pas l’aspect de la pièce. C’est le cas de beaucoup de gens ; ils deviennent nerveux, claustrophobes dans une pièce fermée.
Une femme séduisante. Championne des opprimés, enseignante pour les défavorisés. Une vraie Mère Teresa. On me met déjà la pression au bureau. Ils veulent qu’on élucide ça rapidement, genre, pour hier.
Elle est jolie mais pas vraiment touchante. A vue de nez, elle pourrait être sa fille, mais n’est probablement pas si jeune que ça. A cause de l’arsenal de crèmes et de lotions d’Ann et de ce qu’elle dépense par carte de crédit, il sait que la jeunesse s’achète. C’est du moins ce que pensent les femmes. Lenora est froide, impénétrable. Elle lui rappelle les desserts servis dans le salon de thé où sa mère l’a traîné un jour, lors d’une visite cauchemardesque à sa tante dont les deux filles pouffaient sans cesse ; elle lui rappelle les petits bustes de princesse en porcelaine fichés sur des glaces à la vanille en forme de jupe.
Sa propre incapacité à communiquer avec son fils est un perpétuel tourment, un perpétuel rappel qu’il n’a pas été présent auprès de ses fils durant des années, jusqu’au jour où Joey est mort en Afghanistan. Son véhicule a roulé sur une bombe au cours d’une mission sans intérêt et oubliée de tous. Jack n’était pas là non plus lorsque la mort de leur fils a frappé Margie, si soudainement et si violemment qu’elle aussi aurait pu mourir si Kyle n’était pas rentré du lycée à temps pour la trouver inconsciente et respirant à peine.