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Critique de Walex


Walex
12 décembre 2016
L'équation semblait pourtant simple : 700 pages + Avocats + Écologie = BARBANT. C'était sans compter sur un facteur non négligeable : L'auteur. Michael Crichton réitère longtemps après Soleil Levant et Harcèlement, où une situation anecdotique nous emporte avec brio dans un thriller complexe et prenant. Il me semble important d'émettre mon avis sur ce roman en trois parties : La forme, le fond, puis la fin (sans trop de révélation).


Concernant la forme : Les chapitres sont courts, dynamiques et bien pensés. Un par date, par lieu ou par heure, ce qui facilite la lecture ponctuelle. Dès les premiers chapitres le ton est donné. Des actions, des morts, tout se met en place dès les premières lignes. On sent qu'un enjeu mondial se prépare, mais les pièces de puzzle sont d'abord trop peu nombreuses pour comprendre l'ensemble du grand tableau. C'est un thriller haletant, dont l'action ne laisse de temps ni aux personnages ni au lecteur de se reposer. Puis le mot est lâché : on parle d'eco-terrorisme.


Concernant le fond, justement : que l'on soit ou non d'accord avec l'auteur, le livre a pour intérêt de nous faire réfléchir. Son parti-pris est intéressant, puisqu'il prend la cause des climato-sceptiques, mettant en doute la responsabilité de l'homme sur le réchauffement climatique global. Et cela, il le fait avec intelligence : les personnages centraux ne sont pas des experts, et ont un niveau de connaissance sans doute identique à celui du lecteur normal (moi y compris). Les arguments viennent au compte goutte, principalement apportés par quelques personnages volontairement antipathiques. On peut mépriser ces personnages, mais les arguments sont placés, à nous ensuite de pousser la réflexion et de nous faire notre opinion.
Malheureusement, si l'auteur remet en cause notre responsabilité dans le réchauffement global, il balaye d'un revers de main d'autres sujets qui mériteraient la même attention (particules de pollution nocives, modification des climats, principe de précaution…). C'est également une oeuvre écrite trop tôt dans notre histoire pour avoir si peu de nuances : certes, comme il l'avance, nous ne pouvons connaître le pourcentage d'espèces animales en voie de disparition puisque nous en découvrons des milliers chaque année, mais à peine une décennie plus tard nous pouvons affirmer que plus de la moitié des vertébrés ont disparu en quarante ans. Pire encore, s'il se veut bienveillant en rappelant que médias, politiques et justice utilisent la peur pour nous manipuler, il installe lui-même avec son roman une vaste théorie de complot des éco-terroristes, pour induire en nous une nouvelle peur.


Concernant la fin : alors que les trois quarts du livre étaient vraiment bons, c'est l'élément détestable du livre. Déjà, dans la tradition des techno-thrillers, mais de manière très maladroite, les personnages centraux, de simples citoyens, deviennent subitement de vrais héros prêts à affronter n'importe quel danger sans aucune crainte ni préparation et sans appeler d'aide extérieure sans doute plus judicieuse. Incohérent. Cela pour finir par baigner dans une morale malsaine rappelant les malheureux films de propagande du début du 20ème siècle : les gentils héros tuent les méchants monstres sanguinaires, et ceux qui n'ont pas voulu ouvrir les yeux se doivent de mourir dans d'horribles souffrances. Jamais je n'ai lu du Crichton aussi mauvais et aussi laid. Pourtant, en considérant le reste du livre, même en étant en désaccord sur le fonds avec l'auteur, j'aurais pu trouver cette oeuvre comme étant sa meilleure. C'est vraiment dommage, quel beau gâchis.
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